De l’année aux journées du Patrimoine : une réponse à l’engouement des Français pour le Patrimoine (de la fin des années soixante-dix à 1992)

GOUZOU Anne, De l’année aux journées du Patrimoine : une réponse à l’engouement des Français pour le Patrimoine (de la fin des années soixante-dix à 1992), Maîtrise [Pascale Goetschel, Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 199 p.

Les vingt dernières armées ont été marquées par une explosion patrimoniale. Les Français trouvent dans le patrimoine un moyen de se rattacher au passé face à un futur incertain. Cet engouement se marque dans de nombreuses pratiques culturelles : brocantes, collections, musées et monuments historiques. La visite patrimoniale est la deuxième pratique culturelle après le cinéma. Or, les pouvoirs publics sont tenus de donner des réponses à cet engouement. En parallèle à la politique traditionnelle de classement et de restauration du patrimoine, une nouvelle politique de diffusion en direction du public s’est développée. Cette politique a comme objet principal, au cours de la décennie quatre-vingt, la fête. La première d’entre elle est la Fête de la musique. Dans le domaine du patrimoine, l’Année du patrimoine (1980) joue également un rôle moteur dans la création de la Journée porte ouverte dans les monuments historiques. Créée en 1984 cette Journée d’ouverture des monuments historiques se transforme en 1992 en Journée du patrimoine et se prolonge le temps d’un weekend.

Cette manifestation connaît un succès considérable en attirant un public local peu enclin à visiter le patrimoine près de chez lui. Cette caractéristique est un des fondements de la création de ces journées. Cette manifestation voit son image se transformer pour devenir une journée d’ouverture exception­nelle. Les médias ont joué un rôle prépondérant dans cette perception des Journées du patrimoine en les présentant dans des reportages sur le Sénat et l’Hôtel Matignon. Cette Journée enregistre un succès en termes d’ouverture, de fréquentation, mais aussi en terme politique. Pour les Français, elle est un rendez-vous patrimonial qui se répète chaque année à la même date : le troisième dimanche de septembre. Chaque année, de plus en plus de monuments ouvrent leurs portes, qu’ils soient privés ou publics. Enfin, elle pèse dans les décisions budgétaires en amplifiant l’engouement des Français pour le patrimoine. Elle bénéficie d’un consensus politique et entraine de nouvelles manifestations dans son sillage.