Contribution à l’étude de l’immigration italienne en France : les immigrés italiens à Paris de 1926 à 1936

ARDENTI Marino, Contribution à l’étude de l’immigration italienne en France : les immigrés italiens à Paris de 1926 à 1936, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1989, 2 vol., 164 p. + 92 p. d’annexes

Notre principale source, les dénombrements de la population de 1926 et de 1936, a été l’objet d’un dépouillement systématique. Celui-ci a été opéré, du fait de l’importance de cette population, sous la forme d’un sondage au cinquantième. Le traitement informatique à l’aide du logiciel SPSS nous a obligés à élaborer une codification, afin d’appréhender le maximum d’informations.

Cette étude a porté sur deux niveaux. Tout d’abord, nous avons dégagé les principales caractéristiques de l’immigration italienne à Paris. Puis nous l’avons replacée dans l’espace parisien.

La population italienne est la première population immigrée présente à Paris : 48 275 Italiens à Paris en 1926 et 40 830 en 1936. Elle est principalement constituée d’hommes, qui sont âgés de 26 à 45 ans. Ceci n’est pas surprenant pour une population immigrée. Par contre, l’étude du cadre familial nous a permis de mettre en évidence les éléments d’un début d’intégration. Le mariage domine ainsi que la famille nucléaire et les ménages de moins de cinq personnes. Nous avons noté aussi une augmentation entre les deux recensements des mariages mixtes. Cependant, cette intégration n’a pas encore abouti. Ceci se constate aisément à travers le statut professionnel et les professions des immigrés italiens. Nous constatons que la grande majorité des hommes sont des salariés, bien que le groupe des « à son compte » ait augmenté (il s’agit essentiellement de petits commerçants et d’artisans), alors que la plupart des femmes n’exercent pas d’emploi. D’autre part, les professions restent du domaine du travail manuel et surtout elles sont peu qualifiées bien que la situation ait tendance à évoluer en 1936.

L’étude spatiale va nous révéler les lieux de l’immigration italienne à Paris. Nous en avons dénombré trois qui correspondent en fait au découpage social de la capitale. Dans l’est, la majorité de notre population, celle qui exerce des emplois manuels, mais aussi celle qui constitue le creuset de l’intégration. Dans le centre, essentiellement des artisans et des petits commerçants qui sont sans doute déjà intégrés, car ils sont certainement présents en France depuis de longues années. Et enfin l’ouest de Paris qui est constitué de deux types de populations. D’une part I’« élite » qui seule a pu s’installer dans ces quartiers résidentiels et d’autre part de nombreux domestiques et personnels de service qui forment une population peu stable, du fait même de leurs emplois.