Cinéma et histoire : l’image de la femme dans le monde ouvrier et populaire en France (1945-1958)

LE PRADO Daniel, Cinéma et histoire : l’image de la femme dans le monde ouvrier et populaire en France (1945-1958), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1985

Brosser la silhouette de la femme dans le monde ouvrier et populaire au sein de la société de la IVe République et cela par l’intermédiaire du cinéma de fiction tel était le but poursuivi par ce mémoire. Il fallait donc, à partir d’une réalité toute subjective, saisir un élément révélateur de l’ensemble d’un système de valeurs propre à cette période 1945-1958 et tâcher de débusquer dans les discours du milieu du cinéma ce que la société laissait, volontairement ou par inadvertance, transparaître d’elle-même. Dès lors avant d’aborder le sujet dans son essence, il s’avérait important de comprendre l’état d’esprit dans lequel s’était élaborée la production cinématographique et notamment les conséquences de la tutelle économique américaine concrétisées par les accords Blum-Byrnes cela en liaison avec l’établissement d’une république bourgeoise auquel correspondait la mise à l’écart par une quasi « chasse aux sorcières » d’un courant qui aurait pu être le néoréalisme français digne prolongement du courant ouvriériste généré par le Front populaire.

Cela dit, même si les circonstances politiques étaient peu favorables à l’élaboration d’une nouvelle image guide de la femme, affirmation qui bat en brèche les principes législatifs faussement prometteurs posés à la Libération en faveur du deuxième sexe, du moins à l’aide de quelques films, minoritaires au regard de l’ensemble de la production, nous avons pu reconstituer les lieux, les faits et gestes dans un triple cadre spatial, relationnel, professionnel, marqués pour la plupart des stigmates socioculturels d’un milieu du cinéma prisonnier de son autocensure et, de fait, rarement objectif à l’égard de la réalité ouvrière et populaire.

Après un découpage des films, une étude attentive des scénarios, mais également une compilation d’articles, de périodiques cinématographiques, d’ouvrages sociologiques, littéraires et historiques qui venaient étayer des sources cinématographiques par nature mouvantes et incomplètes, nous sommes parvenus à cerner le problème principal d’une société à contre-courant de l’évolution des mœurs qui s’avère malade de la famille, du couple et de la femme. Par un discours cinématographique négatif à l’égard du deuxième, la IVe République montre bien que celui-ci vit une phase de transition.