Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

Marcel Déat et la SFIO

CHAUBET François, Marcel Déat et la SFIO, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 122 p.

Ce mémoire présente une biographie qui s’appuie sur les Mémoires de Marcel Déat, récemment ouverts aux chercheurs, sur un éventail de sources imprimées (archives de congrès, presse socialiste et radicale pour une petite partie).

Elles nous ont permis de suivre la trajectoire de Marcel Déat de 1926 à 1933, date à laquelle il est exclu, après avoir occupé une place importante au sein de la SFIO.

Cet agrégé de philosophie, d’abord spécialiste des problèmes de la culture, en vient à dégager progressivement une philosophie de l’action politique, inspirée du réformisme.

Nous avons observé les conflits qui opposaient entre elles les diverses tendances de la SFIO Déat, qui agissait à l’intérieur de la tendance droitière du parti, a été victime de l’exacerbation des oppositions entre les courants, tout comme son ambition personnelle qui le poussait vers la dissidence.

Les militants trotskystes français pendant la 2e guerre mondiale : septembre 1939-1944

CASSARD Jean-Pierre, Les militants trotskystes français pendant la 2e guerre mondiale : septembre 1939-1944, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 202 p.

Ce travail de recherche porte sur une période peu connue de l’histoire du trotskysme en France. Il ne prétend pas être une histoire du trotskysme pendant la guerre, mais plutôt une contribution à cette histoire.

La recherche historique reste ouverte même si ce travail a bénéficié de l’apport très important des archives du Centre d’études et de re­cherches sur les mouvements trotskystes et révolutionnaires internationaux (88, rue Saint-Denis, 75010, Paris).

La place des trotskystes reste encore à étudier dans les auberges de jeunesse, leur intervention régionale ou dans les usines, ou même dans le milieu étudiant.

Les militants trotskystes et leurs organisations à la veille de la Deuxième Guerre mondiale sont extrêmement faibles et divisés. L’étude porte sur leur intervention dans la classe ouvrière pour leur maintien pendant la drôle de guerre en tant qu’organisations trotskystes dans une période où la SFIO rallie la Défense nationale et le PCF la politique du pacte germano-soviétique, après la défaite de la France et l’occupation partielle qu’elle subit par les armées nazies, cette maîtrise rapporte l’activité des deux principales organisations trotskystes françaises en liaison avec la question nationale, la Charte du travail, l’intervention dans les syndicats, etc.

Le 22 juin 1941 met fin au pacte germano-soviétique. Le PCF anime la résistance patriotique. Les positions politiques des trotskystes s’éclaircissent : défense inconditionnelle de l’URSS, mais aussi aucune alliance avec la Résistance dominée par la bourgeoisie gaulliste. Le STO, les déportations en Allemagne et la résistance de la classe ouvrière, la défaite de Stalingrad pour les armées allemandes, ouvrent une période de mobilisation de la classe ouvrière. Cette maîtrise traite de ce que furent les positions des trotskystes sur les réponses à apporter à la radicalisation des ouvriers en France et en Europe. C’est-à-dire la discussion pour l’unification des organisations trotskystes françaises au sein du PCI en mars 1944, et leur tactique pour s’implanter dans la classe ouvrière avec les Groupes ouvriers du CCI, et le Front ouvrier du POI.

Ce travail traite aussi l’un des aspects les plus controversés de l’activité des trotskystes, à savoir le travail de fraternisation engagé en direction des ouvriers allemands sous l’uniforme. Alors que le PCF et l’ensemble de la Résistance développaient une politique chauvine, concentrée dans le mot d’ordre « Mort aux boches ! », il essaie de montrer enfin la place des trotskystes en France pendant la Deuxième Guerre en prenant en compte la politique du PCF, principal parti ouvrier.

Avant-gardes culturelles et avant-garde politique en France dans les années 1920

CAUBET Antoine, Avant-gardes culturelles et avant-garde politique en France dans les années 1920, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, Claude Willard], Univ. Paris 1 CRHMSS, octobre 1981, 205 p.

Culture, idéologie, théorie, politique : comment s’essayer à une histoire de ces lieux aux contours mal définis, aux rapports indécis et le plus souvent confus ? Ces catégories s’articulent et se confrontent violemment au cours des périodes de ruptures ou de bouleversements : les « années vingt », les « Années folles » étaient un temps particulièrement foisonnant en « avant-gardes » culturelles — autre notion à caractériser — qui se trouvèrent face à une autre avant-garde, politique cette fois : la SFIC.

Certes les surréalistes retiennent souvent l’attention en ces débats d’après-guerre ; certes la littérature joue un rôle central dans les évolutions intellectuelles et culturelles en France. Pourtant existent en ces années d’autres groupes, dont un — le groupe « Philosophies » — qui s’essaie à un « Renouveau de la philosophie », qui résolument se met aux côtés des avant-gardes culturelles du temps. Or, qui dit avant-garde résume une violente volonté de rupture avec un passé, idéologique et culturel ici.

À ne prendre cette notion d’avant-garde qu’en un sens fort strict, l’histoire du groupe serait un échec : sur le terrain de la pratique théorique, l’activité du groupe est largement enserrée dans un dispositif philosophique bien gardé, celui de la « philosophie officielle », celle de Bergson, Lavelle, Hamelin… Dans une dialectique sans cesse mouvante, le groupe se révolte contre une philosophie qui est pourtant le seul terrain possible de sa pratique. Et c’est à travers ce combat que s’ébauche une vision globale de la culture, de la politique : cette vision est en même temps stratégie politique et ouvre la voie à une politique effective. L’année 1925 est à ce point de vue un pivot essentiel, tant pour les surréalistes que pour les philosophes qui se tournent alors vers le Parti communiste. Ce passage au communisme entraîne nouvelles questions, nouvelles pratiques et rend problématique l’existence du groupe, jusqu’à son éclatement.

Cet essai voudrait montrer qu’aucune cloison étanche ne sépare « culture, idéologie et politique », mais en même temps que ces trois catégories sont fort loin de se résumer les unes aux autres, elles se renouvellent et s’articulent en des dispositifs jamais innocents chez les intellectuels.

Monographie communale : sur l’activité des communistes à Antony, de la Libération à 1962

BRIDEY Patrick, Monographie communale : sur l’activité des communistes à Antony, de la Libération à 1962, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, octobre 1981, 211 p.

Antony, petite ville de la banlieue de Paris, située à l’extrême sud du département de la Seine de l’époque, connut une croissance démographique qui devait modifier la nature sociologique de sa population : la vie municipale n’allait-elle pas s’en trouver changée ? L’évolution politique d’une commune n’est pas seulement le reflet de l’évolution de la nature de sa population. L’exemple d’Antony permet de saisir la complexité des facteurs qui conditionnent la vie municipale : personnalités locales, problème de génération militante, impact d’une situation militante particulière (guerre froide, etc.), construction d’un complexe résidentiel étudiant.

Durant cette période (1944-1962), les rapports de la section du Parti communiste d’Antony avec celle de la SFIO évoluèrent sans que jamais le rôle primordial des communistes s’en trouve affecté : peu investis dans la vie municipale avant la guerre, les communistes furent cependant élus pour diriger la Commune à la Libération. En 1955, ils ne s’associèrent pas à la SFIO pour élire un maire socialiste, mais cependant, une entente devait se conclure lors des Municipales de 1959. Durant cette période (1944-1962), l’audience électorale déclinait, et cela, malgré le réservoir militant que représentait la Résidence universitaire d’Antony.

Les causes des succès et des échecs des communistes d’Antony permettent-elles de comprendre la vie politique d’autres communes ? Sans s’ériger en modèle, le cas d’Antony permet de répondre partiellement à la question.

Le Socialiste (1885-1905), journal guesdiste

BESNARD Thierry, Le Socialiste (1885-1905), journal guesdiste, Maîtrise [Jacques Girault, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 244 p.

Le Socialiste, feuille confidentielle et sans moyens, est confronté durant vingt ans aux problèmes classiques des journaux socialistes des débuts de la IIIe République : le manque de succès et de notoriété et la concurrence tyrannique de la grande presse, le problème du choix de l’adoption d’un langage et d’un vocabulaire révolutionnaire, auxquels il faut ajouter la difficulté pour un journal de se situer et d’évoluer dans le créneau nouveau des organes de partis politiques. Il ne parvient pas à y répondre d’une manière véritablement originale malgré des efforts pédagogiques et doctrinaux particulièrement appréciables. Mais la fonction de l’historien n’est ni celle d’un moraliste ni celle d’un censeur. Le bénéfice que l’on peut tirer de l’étude du Socialiste tient dans le fait qu’il est le porte-parole privilégié de la vie et de l’action du POF. Certes, le décalage traditionnel qui existe entre la praxis d’un parti politique et la voix dont elle use pour s’exprimer n’est pas entièrement surmonté, mais le journal reflète bien les aléas, les hésitations, les va-et-vient de l’engagement politique du POF, son incapacité à concilier son hérédité marxiste et la réalité socio-économique très diversifiée de la société française. L’impasse théorique à laquelle il aboutit à sa correspondance dans l’échec pratique du guesdisme comme parti de la classe ouvrière.

Outre une étude générale portant sur les rubriques du Socialiste, ce mémoire étudie plus particulièrement la révolution russe de 1905 telle qu’elle transparaît à travers les colonnes du journal.