Avant-gardes culturelles et avant-garde politique en France dans les années 1920

CAUBET Antoine, Avant-gardes culturelles et avant-garde politique en France dans les années 1920, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault, Claude Willard], Univ. Paris 1 CRHMSS, octobre 1981, 205 p.

Culture, idéologie, théorie, politique : comment s’essayer à une histoire de ces lieux aux contours mal définis, aux rapports indécis et le plus souvent confus ? Ces catégories s’articulent et se confrontent violemment au cours des périodes de ruptures ou de bouleversements : les « années vingt », les « Années folles » étaient un temps particulièrement foisonnant en « avant-gardes » culturelles — autre notion à caractériser — qui se trouvèrent face à une autre avant-garde, politique cette fois : la SFIC.

Certes les surréalistes retiennent souvent l’attention en ces débats d’après-guerre ; certes la littérature joue un rôle central dans les évolutions intellectuelles et culturelles en France. Pourtant existent en ces années d’autres groupes, dont un — le groupe « Philosophies » — qui s’essaie à un « Renouveau de la philosophie », qui résolument se met aux côtés des avant-gardes culturelles du temps. Or, qui dit avant-garde résume une violente volonté de rupture avec un passé, idéologique et culturel ici.

À ne prendre cette notion d’avant-garde qu’en un sens fort strict, l’histoire du groupe serait un échec : sur le terrain de la pratique théorique, l’activité du groupe est largement enserrée dans un dispositif philosophique bien gardé, celui de la « philosophie officielle », celle de Bergson, Lavelle, Hamelin… Dans une dialectique sans cesse mouvante, le groupe se révolte contre une philosophie qui est pourtant le seul terrain possible de sa pratique. Et c’est à travers ce combat que s’ébauche une vision globale de la culture, de la politique : cette vision est en même temps stratégie politique et ouvre la voie à une politique effective. L’année 1925 est à ce point de vue un pivot essentiel, tant pour les surréalistes que pour les philosophes qui se tournent alors vers le Parti communiste. Ce passage au communisme entraîne nouvelles questions, nouvelles pratiques et rend problématique l’existence du groupe, jusqu’à son éclatement.

Cet essai voudrait montrer qu’aucune cloison étanche ne sépare « culture, idéologie et politique », mais en même temps que ces trois catégories sont fort loin de se résumer les unes aux autres, elles se renouvellent et s’articulent en des dispositifs jamais innocents chez les intellectuels.