Le Socialiste (1885-1905), journal guesdiste

BESNARD Thierry, Le Socialiste (1885-1905), journal guesdiste, Maîtrise [Jacques Girault, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 244 p.

Le Socialiste, feuille confidentielle et sans moyens, est confronté durant vingt ans aux problèmes classiques des journaux socialistes des débuts de la IIIe République : le manque de succès et de notoriété et la concurrence tyrannique de la grande presse, le problème du choix de l’adoption d’un langage et d’un vocabulaire révolutionnaire, auxquels il faut ajouter la difficulté pour un journal de se situer et d’évoluer dans le créneau nouveau des organes de partis politiques. Il ne parvient pas à y répondre d’une manière véritablement originale malgré des efforts pédagogiques et doctrinaux particulièrement appréciables. Mais la fonction de l’historien n’est ni celle d’un moraliste ni celle d’un censeur. Le bénéfice que l’on peut tirer de l’étude du Socialiste tient dans le fait qu’il est le porte-parole privilégié de la vie et de l’action du POF. Certes, le décalage traditionnel qui existe entre la praxis d’un parti politique et la voix dont elle use pour s’exprimer n’est pas entièrement surmonté, mais le journal reflète bien les aléas, les hésitations, les va-et-vient de l’engagement politique du POF, son incapacité à concilier son hérédité marxiste et la réalité socio-économique très diversifiée de la société française. L’impasse théorique à laquelle il aboutit à sa correspondance dans l’échec pratique du guesdisme comme parti de la classe ouvrière.

Outre une étude générale portant sur les rubriques du Socialiste, ce mémoire étudie plus particulièrement la révolution russe de 1905 telle qu’elle transparaît à travers les colonnes du journal.