Archives de catégorie : Mémoires de maîtrise et de master

Références et résumés des mémoires de maîtrise et de master soutenus au CHS depuis 1966

1967-1968 avant la grève générale : les grèves en France,

FORMAN Hervé, 1967-1968 avant la grève générale : les grèves en France, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983, 210 p.

En 1967-1968, avant la grève générale en France, les grèves ouvrières, les manifestations professionnelles, comme celles liées au mécontentement des paysans, des jeunes, des étudiants annonçaient-elles l’explosion de mai-juin 1968 ?

  1. Viansson Ponté faisait part, dans Le Monde du 3 mai 1973 d’« un type de manifestations anciennes ». Inversement A. Touraine dans Le Mouvement de Mai ou le communisme utopique relatait une « forme nouvelle de la lutte des classes ».

Où devait-on « classer » — en admettant que cela soit possible — les grèves massives des métallurgistes bordelais, des mensuels de Saint-Nazaire, des ouvriers du textile dans la région lyonnaise ? Claude Durand dans Grèves revendicatives ou grèves politiques, acteurs pratiques du mouvement de Mai indiquait ce que sous-tendaient ces approches divergentes et fournissait les premiers éléments de la typologie. Pouvait-on vérifier l’affirmation de Serge Mallet qui depuis la publication de La nouvelle classe ouvrière a trouvé de nombreux souscripteurs, selon laquelle les intellectuels auraient alors arraché à la classe ouvrière l’avant-garde dans une « nouvelle lutte de classe » n’opposant plus capitalistes et ouvriers.

Les grèves ouvrières du premier trimestre de l’année 1967 étaient-elles isolées dans une période sans précédent de paix sociale dans l’industrie ? Il fallut le recul nécessaire du contexte historique — tant politique qu’économique et social — dans la décennie pour rétablir une réalité parfois déformée par les impressions encore trop proches des événements de l’année 1968.

C’est avant tout dans les travaux de l’INSEE, du Ministère des Affaires sociales, du Ministère du Travail et de la Sécurité sociale qu’on a systématiquement puisé les données pour établir un profil des conflits, la presse syndicale et d’opinion donnant la chronologie.

La confrontation de ces données d’horizons très différents amenait un résultat qui pouvait surprendre. On devait admettre en avançant dans l’étude que nombre d’analyses parfois considérées comme dépassées — voir « archaïques » — se trouvaient actualisées, particulièrement celles portées il y a près d’un siècle par Rosa Luxembourg dans Grève de masses, Parti et Syndicats.

Les liens de la jeunesse ouvrière chrétienne et du syndicat CFTC pendant les années trente, 1930-1939

DULOUT Yves, Les liens de la jeunesse ouvrière chrétienne et du syndicat CFTC pendant les années trente, 1930-1939, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983, 284 p. + annexes, graphiques et illustrations.

À partir des archives du secrétariat général de la JOC, l’étude envisage quelles furent les raisons et la nature des relations de deux organisations d’inspiration chrétienne dans les années trente : une organisation ouvrière de jeunesse (la JOC) de création alors récente (1927) ; qui se donne pour but d’assurer une formation intégrale de la jeunesse salariée ; un syndicat : la confédération française des travailleurs français fondée en 1919, de composition sociologique hybride et surtout marquée par l’épithète générique de son prédécesseur (SECI) : un syndicat des employés du commerce et de l’industrie.

En position de convergence et de synchronisme, les deux organisations se caractérisent par une adéquation de quelques principes d’origine identique : une doctrine, dérivée des derniers enseignements de l’Eglise en matière sociale et économique, une « position » politique, démocrate sociale dont on tente de préciser les caractères, une problématique d’Action catholique. En bref, un fonds qui détermine parfois ponctuellement, parfois durablement des accords et des campagnes communes. On a bien évidemment privilégié la JOC, son rôle, ses manifestations, les caractères de son action, ses motifs d’adhésion au syndicalisme chrétien, plus que les structures du syndicat lui-même. Il s’agissait de réfléchir sur l’apport que la JOC a pu fournir à la CFTC, la manière dont elle envisageait ses relations à la branche adulte professionnelle. Que le qualificatif de chrétien soit commun aux deux organisations n’élude pas pour autant en effet l’opposition de deux ordres de discours irréductibles à eux-mêmes. En dix ans cependant, l’histoire des liens de la JOC et de la CFTC traduit une évolution certaine, consacrée par le suivi constant d’un corps de revendications, une unité de fait pendant le Front populaire.

Au travers de ces liens, des questions économiques, politiques, des querelles de principes et de compréhension, c’est un certain angle de lecture de l’histoire des années trente qui transparaît. Ils relatent d’une manière fidèle les crises du moment et l’importance des essentiels acquis du Front populaire dont la JOC et la CFTC furent également, bien qu’exclues du Rassemblement populaire, les instigatrices.

L’implantation du parti communiste dans une cité cheminote : Longueau, 1920-1936

DELAVAUT-BERGER Maryse, L’implantation du parti communiste dans une cité cheminote : Longueau, 1920-1936, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983

À partir des archives départementales de la Somme, (recensements, archives de police, presse), cette étude a pour objet de déterminer les conditions et les modalités d’implantation du parti communiste dans la petite ville ferroviaire de Longueneau, de 1920 à 1936.

L’organisation communiste naît dans un milieu sociologiquement homogène, celui des agents de la Compagnie du Nord, à partir pour l’essentiel, du travail syndical d’un noyau de militants très actifs, qui entraîne le centre cheminot vers la CGTU, lors de la scission.

La progression électorale du PCF est régulière pendant la période avec un premier succès lors des municipales de 1925. Longueau devient, dès les années 30, le bastion rouge autour duquel le parti communiste se développe dans l’ensemble du département.

Le rôle dynamique joué par la cité cheminote s’impose partout particulièrement à Longueau, en 1933, d’un hebdomadaire régional du PCF : le Travailleur Somme et Oise, dont la diffusion entre pour beaucoup dans les succès électoraux du Front populaire qui font de Louis Prot, maire de Longueau, et de Jean Catelas, cheminot du centre Amiens-Longueau, les deux premiers députés communistes de la Somme.

L’Humanité et le procès des seize

COULAMBON Gilles, L’Humanité et le procès des seize, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983, 157 p.

L’Humanité, organe du Parti communiste français a publié environ 70 articles pendant la période du premier procès de Moscou. L’étude de ces articles nous a permis de mettre à jour un certain nombre de faits qui nous permettent de tirer les conclusions suivantes : – l’Humanité a été durant cette période le principal relais de la politique de Staline en Europe. – l’Humanité a falsifié, déformé l’histoire des dirigeants de la Révolution d’octobre. – l’Humanité a calomnié Trotsky, Sédov et les militants de la IVe internationale. – l’Humanité a tout fait pour empêcher la mobilisation au sein du mouvement ouvrier, en expliquant que tous ceux qui osaient défendre les accusés étaient des fascistes.

Pour terminer, nous affirmons que l’Humanité s’est disposée dès le 19 août 1936 à soutenir et à couvrir les premières exécutions des dirigeants du Parti bolchévique. Par ailleurs bien que l’Humanité n’en dise mot, il ne faut pas oublier que ce premier procès marque le commencement de la terreur de masse contre les ouvriers, les paysans et les opposants au régime stalinien.

Les Actualités Cinématographiques Gaumont de 1956

BACKOUCHE Isabelle, Les Actualités Cinématographiques Gaumont de 1956, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983

Un double intérêt nous a conduits à travailler sur les Actualités Cinématographiques (AC) : envisager une société par un biais nouveau et analyser le discours d’un moyen d’information.

Le choix de 1956 se justifie par la position charnière de cette année dans la période après-guerre, que ce soit sur le plan politique (française et internationale) ou social (aspects matériels et quotidiens).

Ce mémoire propose trois éclairages différents. Une première partie présente les problèmes de réalisation des AC et les conditions de leur réception dans les années 50. Elle fait ressortir la dimension industrielle de ce moyen d’information ainsi que les spécificités de son public. Dans un deuxième temps, nous nous intéressons aux AC comme moyen d’information. De quoi parlent-elles ? Comment en parlent-elles ? L’étude des modalités du discours des AC (Guerre d’Algérie, relations internationales, vie quotidienne des Français), vérifiant concrètement les enjeux de leur discours. Leur apport principal pour l’historien apparaît alors clairement : permettre de comprendre comment événements, crises, mutations sont vécus — et surmontés ou évacués — par les contemporains de la société concernée.

L’AC s’adressant à un public large et hétérogène se doit d’aborder les questions essentielles de l’année 1956. Mais elle sait, et elle en a surtout les moyens, construire un discours qui est à la fois le reflet d’une réalité donnée et un écran par rapport à celle-ci : dualité qui légitime l’intérêt que l’historien peut lui porter.

La Fédération CGT de l’habillement. Discours et pratiques syndicaux dans une branche professionnelle à majorité féminine.1947-1968

AVRAN Isabelle, La Fédération CGT de l’habillement. Discours et pratiques syndicaux dans une branche professionnelle à majorité féminine.1947-1968, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983

Les années 1947 à 1968 sont, après plusieurs mois d’optimisme, des années difficiles pour la Fédération CGT de l’habillement, autant du fait de l’ampleur des revendications à défendes, ce qui constitue pour elle une priorité (notamment la défense des salaires) que du fait d’une influence (fluctuante) faible (bien que majoritaire par rapport aux autres fédérations).

Elle informe, propose, explique, organise des journées d’actions nationales (surtout après 1962) qui ont un succès limité, dans un climat tendu et aboutit à des victoires assez partielles. Il faut pourtant souligner l’écho de la grève des midinettes, en 1949, et surtout l’importance de Mai 1968 entraînant des milliers d’ouvriers, de femmes, de jeunes dans l’action syndicale que beaucoup découvrent. Mais il faut noter cependant les difficultés de la Fédération à prendre en compte les dimensions et les enjeux des mutations qui s’opèrent dans la branche.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à tous les échelons du syndicat. Mais, ce n’est qu’à la fin des années 60 que l’on sent réellement mûrir un début de réflexion spécifique à leur égard, parallèle à la campagne de la CGT. En fait, par ses prises de position, la Fédération se veut surtout un large syndicat de la classe ouvrière unie. Ainsi, devenue pour une part une Fédération « féminine », elle a peut-être eu surtout le mérite d’associer (ou d’intégrer) l’histoire des femmes de l’habillement à celle du mouvement ouvrier français.