Les liens de la jeunesse ouvrière chrétienne et du syndicat CFTC pendant les années trente, 1930-1939

DULOUT Yves, Les liens de la jeunesse ouvrière chrétienne et du syndicat CFTC pendant les années trente, 1930-1939, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983, 284 p. + annexes, graphiques et illustrations.

À partir des archives du secrétariat général de la JOC, l’étude envisage quelles furent les raisons et la nature des relations de deux organisations d’inspiration chrétienne dans les années trente : une organisation ouvrière de jeunesse (la JOC) de création alors récente (1927) ; qui se donne pour but d’assurer une formation intégrale de la jeunesse salariée ; un syndicat : la confédération française des travailleurs français fondée en 1919, de composition sociologique hybride et surtout marquée par l’épithète générique de son prédécesseur (SECI) : un syndicat des employés du commerce et de l’industrie.

En position de convergence et de synchronisme, les deux organisations se caractérisent par une adéquation de quelques principes d’origine identique : une doctrine, dérivée des derniers enseignements de l’Eglise en matière sociale et économique, une « position » politique, démocrate sociale dont on tente de préciser les caractères, une problématique d’Action catholique. En bref, un fonds qui détermine parfois ponctuellement, parfois durablement des accords et des campagnes communes. On a bien évidemment privilégié la JOC, son rôle, ses manifestations, les caractères de son action, ses motifs d’adhésion au syndicalisme chrétien, plus que les structures du syndicat lui-même. Il s’agissait de réfléchir sur l’apport que la JOC a pu fournir à la CFTC, la manière dont elle envisageait ses relations à la branche adulte professionnelle. Que le qualificatif de chrétien soit commun aux deux organisations n’élude pas pour autant en effet l’opposition de deux ordres de discours irréductibles à eux-mêmes. En dix ans cependant, l’histoire des liens de la JOC et de la CFTC traduit une évolution certaine, consacrée par le suivi constant d’un corps de revendications, une unité de fait pendant le Front populaire.

Au travers de ces liens, des questions économiques, politiques, des querelles de principes et de compréhension, c’est un certain angle de lecture de l’histoire des années trente qui transparaît. Ils relatent d’une manière fidèle les crises du moment et l’importance des essentiels acquis du Front populaire dont la JOC et la CFTC furent également, bien qu’exclues du Rassemblement populaire, les instigatrices.