Boris Souvarine : prémices d’un itinéraire politique (1895-1919)

PANNE Jean-Louis, Boris Souvarine : prémices d’un itinéraire politique (1895-1919), Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 186 p.

Les années de formation de Boris Souvarine, dirigeant du Parti communiste de 1921 à 1924, sont peu connues. C’est la raison pour laquelle nous avons cherché à reconstituer l’environnement culturel et politique dans lequel son enfance et sa jeunesse se déroulèrent, afin de mettre en évidence les événements familiaux, politiques ou sociaux qui ont pu conduire ce fils d’émigrés juifs russes (venus de Kiev à Paris en 1897), à s’engager dans le mouvement socialiste pendant la Première Guerre mondiale. Ce travail s’appuie sur les propres témoignages (inédits ou connus) de Souvarine, les informations communiquées par quelques proches, mais aussi les études et documents concernant l’émigration juive russe à Paris et les groupes politiques qui en étaient issus. L’examen de la culture politique de Souvarine fait apparaître les influences successives et rivales (anarchiste, jaurèsienne et guesdiste) qu’il a subies, et l’importance des relations privilégiées qu’il entretint avec certains militants : Paul Louis, Charles Rappoport, Georges Sorel…

L’itinéraire militant de Boris Souvarine — de ses premières contributions journalistiques à ses premières responsabilités — est suivi au travers de la presse et de l’histoire des « minoritaires de guerre » : groupe des Amis du Populaire, Comité de défense du socialisme international, Comité pour la reprise des relations internationales, enfin Comité de la IIIe Internationale. L’expérience vécue de la guerre puis celle des mouvements minoritaires d’opposition à l’Union sacrée furent une véritable catharsis pour ce jeune homme imprégné de culture française, mais attaché à sa culture d’origine, la culture russe. Proche des guesdistes et membre du courant animé par Jean Longuet, son adhésion à un bolchevisme, plus imaginé (notamment par analogie avec la Révolution française) que réellement connu, soulève la question d’une tradition politique « autochtone » à une idéologie « étrangère », perçue comme nécessaire à la régénération du socialisme français.