Bertrand Tavernier, témoin de son temps

LUNEL Magali, Bertrand Tavernier, témoin de son temps, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 186 p.

Ce mémoire a pour objet d’étude le cinéaste français Bertrand Tavernier. Il s’attache à montrer en quoi celui-ci pourrait être un « témoin de son temps » au travers de son œuvre.

Tavernier est aujourd’hui un metteur en scène à succès autant qu’une personne publique, connue aussi bien pour ses films que pour ses différentes prises de position. Défenseur infatigable de toutes les formes de cinéma, et du cinéma français en particulier, il est également un citoyen engagé qui lutte contre toute forme d’injustice. Réalisateur prolifique (vingt-et-un longs-métrages de 1974 à 1999), Bertrand Tavernier est catalogué dès son premier film, L’Horloger de Saint-Paul, comme un cinéaste « classique ». Son œuvre est pourtant éclectique : il aborde aussi bien la Régence, la Première Guerre mondiale, que la criminalité des jeunes d’aujourd’hui ou le désarroi de la police. Il n’hésite pas non plus à mettre en scène des sujets ambigus ou polémiques qui laissent à certains un sentiment de malaise. Œuvre éclectique donc, mais qui n’en est pas moins cohérente : quelques thèmes reviennent ainsi de façon récurrente. Ils sont regroupés dans ce mémoire en deux catégories : « les angoisses et les doutes » et « l’inégalité des individus face au pouvoir ». Sous ces thématiques, Bertrand Tavernier met en scène des indignations (injustices, dysfonctionnements de la société…) ou des sentiments (la peur de vieillir, l’angoisse de s’éloigner de ses enfants, etc.) communs à nombre de personnes, mais aussi souvent très personnels au cinéaste. Sa caméra se tourne vers ce qui le touche, ce qui l’émeut ou le choque le plus au sein de la société dans laquelle il vit.

Tout le travail de ce mémoire était de définir s’il y avait dans l’œuvre de Bertrand Tavernier, témoignage, et quelle en était la nature. On a pu déjà parler de l’implication personnelle présente dans les sujets traités. L’analyse montre que cette implication a un impact sur le regard du réalisateur. Ce regard qu’il porte sur le monde autour de lui reflète une certaine réalité, une réalité partielle. Il l’expose comme on expose ses propres convictions ou ses propres sentiments, avec la même sincérité. Sa production est donc subjective, et si l’on se réfère à la définition donnée en introduction, Tavernier est bien un témoin de son temps, et ce à part entière : il assure qu’une chose est vraie, certaine, du moment qu’il l’a vue, entendue ou perçue.