GUÉDON Timothée, X-men, un comic-book en France (1970-2000). Reflet de l’hégémonie des États-Unis d’Amérique, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 177 p.
Ce mémoire a pour objet d’analyser une bande dessinée de super héros importée en France. Un comic-book, c’est le nom américain donné à cette forme de bande dessinée, n’a rien en commun avec la bande dessinée franco-belge. Ce petit format avec une couverture souple nous raconte sous forme d’épisodes les aventures d’une équipe de super héros : les X-Men.
Avant d’aborder les problèmes d’importation et d’adaptation de cette série en France, nous nous sommes d’abord penchés sur le processus d’élaboration de cette forme de bande dessinée au travers d’une maison d’édition omniprésente, Marvel, ainsi que des différents acteurs participant à sa production. Production et non création, car cette forme de bande dessinée s’apparente plus à un produit de consommation de masse fruit de l’industrialisation, qu’à une œuvre d’artiste. Face à cet emblème du libéralisme américain, la France — grâce à la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à l’enfance et à l’adolescence — s’est d’abord opposée farouchement à l’arrivée des comic-books sur son territoire. Mais malgré la censure, des éditeurs français se sont lancés dans l’aventure, n’hésitant pas à recourir à l’autocensure, pour faire découvrir au jeune public français ces récits d’outre-Atlantique. En même temps qu’ils importaient ces comic-books, les éditeurs ont introduit une nouvelle façon de consommer de la bande dessinée, au travers de périodiques, rapprochant de plus en plus leurs parutions du modèle américain.
Au-delà de la forme, c’est un véritable discours américain qui transparait dans ces récits. Les aventures des X-Men sont truffées de références à notre univers quotidien, à notre histoire contemporaine et à l’actualité. Ce monde familier dans lequel évoluent ces héros nous offre une représentation du monde et de notre société contemporaine tels qu’ils sont perçus par les auteurs. Un monde fait de violence, d’injustice et de haine. Face à cette vision du monde, les auteurs proposent une solution incarnée par les X-Men. Ces mutants, rejetés de la société à cause de leur particularité génétique, se battent pour un rêve de coexistence pacifique. Ces héros aux physiques idéalisés deviennent alors des modèles à suivre. Des héros d’une nouvelle mythologie auxquels s’identifient des lecteurs, tandis que des artistes contemporains y voient, au moyen de détournement des images, une façon de dénoncer une société industrielle de consommation de masse.
Ce support devient pour l’historien le reflet d’une mémoire contemporaine qui lui permet de participer à l’élaboration d’une histoire culturelle du vingtième siècle.