Un quart de siècle d’aménagements autour de l’église Saint-Gervais à Paris (1936-1963)

NESTERENKO Alexandra, Un quart de siècle d’aménagements autour de l’église Saint-Gervais à Paris (1936-1963), Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 187 p. + 23 p. d’annexes

Les mutations économiques et sociales du XIXe siècle ont provoqué une dévalorisation des quartiers centraux de la capitale, épargnés par les travaux haussmanniens. La partie du Marais, située entre la rue de Rivoli et la Seine, est déclarée insalubre en 1921 par les pouvoirs publics et devient « l’îlot n° 16 ». Cette étude s’intéresse plus particulièrement au pourtour de l’église Saint-Gervais (les rues de Brosse, François-Miron, du Pont-Louis-Philippe, de l’Hôtel-de-Ville et le quai de l’Hôtel-de-Ville) qui sera intégré tardivement à l’îlot insalubre.

Ce mémoire tend à mettre en exergue l’impact de la gestion administrative — et des aménagements réalisés — sur l’évolution architecturale et sociale du quartier des années trente aux années soixante.

La densification du bâti et l’absence d’entretien ont engendré la multiplication de logements exigus et peu équipés. La faiblesse des loyers attire dans le quartier une population de solitaires et de couples dont la plupart travaillent dans les environs en tant qu’employés de commerce, de bureau ou de l’Administration.

L’ilot n° 16 est l’un des moins insalubres de Paris, mais sa situation géographique incite les pouvoirs publics à le traiter en priorité. L’évolution législative permet l’élargissement des îlots pour faciliter la mise en œuvre d’opérations d’aménagement d’envergure. Bien que l’insalubrité médicale du pourtour de l’église Saint-Gervais n’ait jamais été démontrée, cet espace pénètre en 1941 dans la surface de l’îlot n° 16. En 1942, l’Admmistration engage la première opération de réhabilitation parisienne, en suivant le plan rroposé par trois architectes dont Albert Laprade pour le pourtour Saint-Gervais (secteur occidental). L’expropriation des habitants est aussitôt ordonnée et les travaux commencent. Rapidement, la pénurie retarde le bon déroulement de l’opération. Au sortir de la guerre, l’état du quartier a empiré et la crise du logement empêche la reprise des travaux de réhabilitation dans l’ensemble de l’îlot. Dans les années cinquante, l’Administration remet en état de « réhabilitabilité » les immeubles pouvant accueillir temporairement des populations « précaires ». Au début des années soixante, le bilan de la réhabilitation s’avère incomplet (seule une partie du bâti a bénéficié d’un aménagement de qualité) et contrasté (le plan a été modifié à plusieurs reprises). En 1965, l’îlot n° 16 disparaît officiellement, il est intégré à la surface bénéficiant du « plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais ».

Premier exemple d’un urbanisme opérationnel respectueux du patrimoine ancien, l’aménagement de l’ilot Saint-Gervais représente un contre­modèle de réhabilitation et reflète les hésitations des pouvoirs publics.