Signal, juillet 1940-juin 1944. Presse illustrée et propagande allemande en France occupée

COX Aurianne, Signal, juillet 1940-juin 1944. Presse illustrée et propagande allemande en France occupée, Maîtrise [Claire Andrieu, Pascal Ory, Denis Peschanski], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 261 p. + annexes

Cette étude monographique a pour objet le périodique Signal dans son édition française, qui paraît de juillet 1940 à juin 1944. Vecteur de la propagande allemande dans les territoires occupés et les pays de la sphère de domination du IIIe Reich, ce bimensuel illustré est placé sous le double contrôle de la Wehrmacht et du ministère de la Propagande ; édité à Berlin, il est imprimé et diffusé par l’intermédiaire de relais français.

Cette recherche répond à la volonté de dégager l’originalité de ce support de propagande d’exportation qui investit la formule de la presse illustrée, exploite ses procédés et en détourne les codes. La réflexion se situe au croisement de deux angles d’approche : un regard photographique, une analyse des images et une investigation historique des représentations culturelles et de ses mécanismes. L’analyse s’intéresse à la structure formelle de ce médium spectaculaire qui se distingue par sa modernité, sa conception du reportage photographique et la richesse de son répertoire iconographique, ainsi qu’aux modalités spécifiques de cette forme de pénétration culturelle et de conditionnement idéologique à l’échelle européenne, autant de voies d’accès à l’imaginaire politique et aux ambitions hégémoniques nazis.

Le message véhiculé par Signal répond à une fonction de mobilisation et de ralliement idéologique, à travers le leitmotiv de l’appel à l’engagement en faveur de la construction de l’Europe nouvelle et de la conformisation au modèle national-socialiste. Fondé sur une rhétorique manichéenne, ce médiateur fait le choix de thèmes fédérateurs et d’une imagerie unificatrice, objectivant une communauté guerrière et spirituelle. Sa stratégie combine une logique de dénonciation et de collaboration ; le discours se polarise autour des figures du héros, le soldat allemand, et de l’ennemi, l’adversaire militaire et politique de l’Axe.

Il s’agit de poser la question des conditions de production du journal, de l’adaptabilité de cette forme de propagande au système d’occupation et de son efficacité, de son degré de pénétration, compte tenu de son objectif : édifier une Europe nouvelle, unifiée et pacifiée, sous hégémonie nazie. Signal diffuse une certaine vision de la société de l’ordre nouveau, conçue comme une communauté combattante acquise à la vision du monde nazie et à la légitimité de sa mission historique. Support de l’affirmation de la suprématie allemande sur le continent européen, Signal interroge finalement sur l’horizon utopique et sur l’axe imaginaire du projet nazi de transformation sociale et de modélisation totalitaire.