Renouvèlement de la communauté juive de la région parisienne après l’arrivée des Israélites d’Afrique du Nord (1956-1967)

LANGE Charlotte, Renouvèlement de la communauté juive de la région parisienne après l’arrivée des Israélites d’Afrique du Nord (1956-1967), Maîtrise [Jean-Louis Robert, Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 252 p.

Après la Seconde Guerre mondiale, le réveil du nationalisme arabe provoque l’indépendance des états maghrébins sous tutelle française depuis des décennies, de façon plus ou moins pacifique en Tunisie et au Maroc, ou par un véritable conflit armé en Algéne. Dans ce contexte de bouleversement politique, économique et culturel, les communautés juives de ces pays subissent un choc redoutable. Aux secousses de la décolonisation s’ajoute le développement du conflit israélo-palestinien qui vient encore compliquer la situation de ces minorités, contraintes de quitter leur terre natale pour gagner Israël ou la métropole.

À partir de 1956, les flux en provenance du Maghreb en France prennent une ampleur particulière et vont crescendo jusqu’en 1965 : en moins de dix ans, la communauté de Paris et de sa banlieue doit intégrer 150 000 réfugiés maghrébins, ce qui double son volume initial et révolutionne la carte traditionnelle de l’implantation juive du district parisien. La communauté de la capitale concentre alors tous ses efforts sur ces nouveaux venus qu’elle se fait un devoir d’accueillir de manière décente, aussi bien à court terme, par un système de soutien social efficace qu’à long terme, par la construction d’édifices adaptés à une population très attachée aux traditions religieuses. Parc redoublement d’efforts sous l’égide du Fonds social Juif Unifié (FSJU), le Judaïsme parisien, affaibli par ses blessures de guerre, se trouve bouleversé sous tous ses aspects tant aux niveaux religieux, socio­culturel, commercial ou éducatif que dans sa physionomie extérieure. La rencontre de deux communautés, l’une française de tradition ashkénaze [Juifs d’origine européenne – Allemagne, Russie, Pologne, etc.], l’autre séfarade Uuifs des pays orientaux et méditerranéens], imprégnée d’influences culturelles orientales, est donc source d’enrichissement, mais aussi de grandes difficultés et de tensions.