Monographie du Club d’Essai de la Radiodiffusion française, 1946-1960

CLANCIER Éliane, Monographie du Club d’Essai de la Radiodiffusion française, 1946-1960, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 166 p.

Le projet d’écrire la monographie du Club d’Essai de la Radiodiffusion française répondait à la volonté d’étudier de près l’un des joyaux de la période radiophonique s’étendant des années d’après-guerre jusqu’aux années 1960 et qualifiée d’âge d’or de la radio. C’est en effet durant cette période qu’a pu exister une radio d’écrivains, dirigée, animée, produite en grande partie par des poètes, des écrivains, des hommes de culture, des Journalistes ayant le sens poétique.            .

Le Club d’Essai est incontestablement le fruit de cette période radiophonique préoccupée de ces choses qui ornent l’esprit, mais c’est aussi une composante essentielle de l’histoire de l’art radiophonique. En 1946, Club d’Essai prend, en effet, la suite du Studio d’Essai, instance de créations et de recherches radiophoniques, créé par Pierre Schaeffer en 1942. Ce studio avait permis d’élucider l’affrontement au micro du texte, du comédien, voire de la musique, et de former des artisans consommés du micro et de la mise en ondes. Au Club d’Essai revenait la charge de faire passer ce laboratoire de « l’âge ingrat à l’âge de raison », c’est-à-dire de l’ère des réalisations régulières et concertées à une production expérimentale certes, mais déjà continue. Lourde tâche pour un simple service annexe de la Radiodiffusion française ! Pourtant, bon an, mal an, le Club d’Essai, sous la houlette du poète et dramaturge Jean Tardieu, parvint à devenir un foyer de créations et de rencontres artistiques où de grands hommes de lettres tels que Jean Cocteau, Albert Camus ou Raymond Queneau vinrent faire de la radio et où débutèrent de jeunes talents bientôt notoires : Pierre Tchernia, Michel Polac, Pierre Dumayet, etc.

De 1946 à 1948, ce sont les grandes heures du Club d’Essai : c’est l’enthousiasme de l’après-guerre ; le Club d’Essai doit découvrir de jeunes talents susceptibles de travailler avec ou à la radio. Ils affluent et, avec eux, de nouvelles formes d’émissions. Mais le Club d’Essai a pour vocation de fournir les meilleures de ses productions aux grandes chaines, or, avec elles, s’en vont aussi ses collaborateurs les plus inventifs et dynamiques. À partir de 1949, la télévision aussi attire certains d’entre eux.

La création, en 1948, du Centre d’Études Radiophoniques, organisme annexe du Club d’Essai, marque à la fois l’acmé de l’histoire du Club d’Essai et le début de son ultime étape. Le Centre d’Études Radiophoniques, d’abord chargé de réfléchir sur l’avenir de la radio, puis chargé de recherches, réduit peu à peu le Club d’Essai à un travail d’exégèse, à savoir celui d’un simple service de production chargé d’assurer régulièrement un programme. Le Club d’Essai s’essouffle donc avant de s’éteindre en 1960 au moment où ayant tout apporté il n’avait plus rien à démontrer.