L’office national d’immigration de 1946 à 1956 : la tentative de contrôle absolu des flux migratoires européens vers la France

THALER Anne, L’office national d’immigration de 1946 à 1956 : la tentative de contrôle absolu des flux migratoires européens vers la France, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 191 p.+ annexes

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles, la France se trouve à nouveau confrontée à une pénurie main-d’œuvre. Comme après le précédent conflit, elle est obligée de faire appel aux travailleurs étrangers. Or, parallèlement aux grandes réformes de la Libération, le gouvernement provisoire entend revoir complètement le traitement des problèmes migratoires. Le texte fondamental définissant la nouvelle politique de l’immigration est l’ordonnance du 2 novembre 1945. Elle énonce, entre autres mesures, deux décisions importantes : la création de l’office national d’immigration (ONI), remplaçant les anciennes sociétés privées pour la sélection et le recrutement des travailleurs étrangers ; l’attribution à cet organisme public du monopole de l’introduction en France des immigrés. En effet, les pouvoirs publics souhaitent voir dorénavant les flux migratoires vers le territoire national entièrement contrôlé par l’État afin de mettre un terme aux problèmes liés à l’immigration clandestine.

Dans cette étude, nous avons cherché à savoir si l’ONI répond, au cours de ses dix premières années d’existence, aux missions qui lui sont confiées. Mais nous nous sommes aussi interrogés sur le bien-fondé de son monopole. Or, l’analyse montre qu’en dehors même des deux premières années, marquées par un échec complet, l’ONI ne satisfait que partiellement aux exigences minimales. S’il assure convenablement la protection de la communauté nationale ainsi que celle des étrangers, il ne parvient pas à maitriser la totalité de l’immigration, qui se trouve sous sa responsabilité. Nous expliquons avant tout ce résultat par l’impossibilité de réaliser un tel contrôle, lorsque les principaux acteurs du processus migratoire (employeurs et travailleurs) s’y montrent globalement réticents.