L’Image de l’enfance et de la jeunesse populaires dans la presse : 1914-1915

RETAIL Michel, L’Image de l’enfance et de la jeunesse populaires dans la presse : 1914-1915, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 266 p.

À travers l’étude de quatorze quotidiens de tous horizons, nous avons tenté de percevoir et de décrire l’image de l’enfance et de la jeunesse dispensée un peu avant et pendant la Première Guerre mondiale.

D’un point de vue général, les inquiétudes de la presse — que l’on peut interpréter comme un reflet des inquiétudes de la société — se concentrent sur l’enfance populaire dont la destinée échappe à un contrôle total. Par exemple, nous observons — avant que le conflit n’éclate — une polarisation sur l’adolescence délinquante, en particulier dans la presse à sensation.

Plus largement, la question de l’avenir des enfants et des jeunes du pays suscite de nombreux débats. Sur l’éducation, les clivages sont marqués entre les orientations socialistes d’une part, cléricalistes et nationalistes d’autre part. Apprentissage, militantisme, colonies de vacances… sont quelques-unes des occupations proposées pour la jeunesse. Enfin, l’importance de l’enfant dans la famille est de plus en plus reconnue.

La guerre — le nivellement politique et le patriotisme ostentatoire de la presse aidant — a deux incidences majeures sur l’image de l’enfance et de la jeunesse.

En premier lieu, la production d’un nombre considérable d’articles et de dessins sur l’enfance héroïque qui reflète bien la tonalité des journaux de guerre de cette époque (la presse de gauche se démarquant relativement), en second lieu l’atténuation des clivages politiques. On n’évoque presque plus la délinquance juvénile, le thème est remplacé par celui de l’oisiveté, il faut en effet occulter les aspects négatifs de la jeunesse.

La guerre, avec l’absence du père soldat, repose le problème de l’enfant dans la société et dans sa famille : secours aux mères, familles brisées, rentrée des classes retardée…

Enfin, à partir de mars 1915, nous avons perçu d’autres inflexions qui peuvent se comprendre par l’installation de la population dans la guerre. L’héroïsme des enfants est modéré, on parle davantage de l’enfance sacrifiée, certains thèmes d’avant-guerre reviennent et avec eux la confrontation encore feutrée des perspectives et des jugements.