Lettres de lecteurs, chroniques et faits divers d’un quotidien yiddish : le Parizer Haynt (La journée parisienne) 1926-1932

BUNIM Shmuel, Lettres de lecteurs, chroniques et faits divers d’un quotidien yiddish : le Parizer Haynt (La journée parisienne) 1926-1932, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 159 p.

Des ouvrages et des articles nombreux ont été consacrés à la communauté juive immigrée en France, depuis la fin du XIXe jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’expérience d’immigrés juifs dans un pays d’accueil à « fort indice d’intégration » a été traitée aussi bien par les historiens que par les sociologues et les littéraires. Chassés par les mutations politiques et économiques, la misère et les exactions antisémites, les immigrants arrivés d’Europe de l’Est au lendemain de la Première Guerre mondiale sont parvenus à conserver en France leur particularité propre en y transposant des institutions nées dans les pays d’origine. Toutefois, la société immigrée n’était pas la copie aveugle de la communauté juive des grands foyers juifs des pays d’origine. Les structures créées ont été les vecteurs d’un double processus : l’intégration parmi la communauté d’immigrés existante et celle du pays d’accueil.

Un des instruments de leur intégration fut la presse en yiddish qui fournit — parfois le jour même de son arrivée — des points de repère à l’immigré. D’abord par l’entremise d’une langue familière et ensuite, par la référence aux principaux courants du judaïsme dont cette presse était porteuse. Elle a été abondamment citée dans les études sur la communauté immigrée, mais elle n’a pas été étudiée en tant que miroir de cette communauté en devenir, et le rôle qu’elle voulait s’assigner n’a pas été mis en évidence. C’est dans ce double aspect, miroir et image de soi, que s’inscrit ce mémoire.

À l’intérieur du champ chronologique qui couvre une période jouissant d’un calme politique relatif, le Parizer Haynt présente les avantages, et tout à la fois les désavantages, d’une source unique. Pour les immigrés, ce temps-là, rythmé par l’activité économique qui régit leur vie quotidienne, dessine l’espace existentiel du groupe.

Ce mémoire est une contribution à l’histoire de ce journal en cernant la vie des immigrés dans son aspect quotidien comme elle apparaît dans un organe de presse yiddish. Le journal est donc interrogé pour reconstituer une image de cette communauté. Pour ce faire, les pages intérieures du Parizer Haynt où sont relatés faits-divers et chroniques, ainsi que les diverses formes de dialogue avec son lectorat, ont été examinées. Ces dernières rubriques, plus que toutes les autres, ouvrent une fenêtre sur une société, au travers des préoccupations individuelles et des structures qu’ils se sont données.