Les représentations de Paris dans le Petit Parisien, 1933-1939

PEYREL Benjamin, Les représentations de Paris dans le Petit Parisien, 1933-1939, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 123 p.

Quelle image de la capitale donne le quotidien au plus fort tirage des journaux du monde entier ? Comment les journalistes décrivent la vie et les évolutions de la capitale ? Comment — en tant que Parisiens — ils se la représentent ? Le Petit Parisien offre à ses lecteurs une représentation de la capitale assez ambivalente, essayant à la fois de mettre en valeur l’unité et la modernisation de la cité, et de préserver ce qui fait son charme, son pittoresque, c’est-à-dire sa diversité.

Daos une première partie, nous étudierons comment Le Petit Parisien traite de l’unité de la capitale. Pour lui, celle-ci passe par sa modernisation et son extension. Nous verrons tout d’abord que le quotidien se fait l’écho de l’action de la municipalité et des grandes théories en vogue à l’époque : politique urbanistique, hygiénisme, politique sociale. Le modernisme et l’extension vers la banlieue sont deux autres thèmes très présents daos le quotidien, à l’époque où Paris fait tomber ses frontières (fortifications) et essaie d’organiser dans un schéma directeur son expansion. Concernant le modernisme, Le Petit Parisien insiste sur la modification du cadre de vie des Parisiens, mais aussi sur l’idée que Paris — miroir du pays — doit, pour incarner un pays moderne, se moderniser. Ces différents thèmes contribuent à créer l’image d’une ville homogène, unie autour de ses grandes structures urbaines.

Dans une deuxième partie, nous verrons que Le Petit Parisien suit une ligne éditoriale assez ambivalente. La rédaction semble partagée et propose à ses lecteurs deux types d’informations. L’une plaide pour la modernisation de la capitale. L’autre prend la défense d’un certain Paris, c’est-à-dire le Paris des quartiers, celui du pittoresque. Certains journalistes mettent en valeur la diversité parisienne, son charme ancien et parfois miséreux. Ils s’attachent à protéger ce qui, selon eux, fait l’âme de Paris : l’artisanat, les petits métiers, les fêtes de quartier. Cette diversité de la capitale — éclatée autour des multiples centres que sont les quartiers — constitue la vraie nature de la ville. Nous verrons que c’est dans ces quartiers que la ville plonge que ses racines, et que, selon la symbolique spatiale du Petit Parisien, c’est dans les rues de ces quartiers que la ville travaille, qu’elle se distrait, qu’elle vit. Le quotidien propose cette fois-ci l’image d’une ville éclatée, pleine d’une diversité nécessaire et structurante.

Dans une troisième patrie, nous verrons comment ce rapport entre unité et diversité constitue finalement l’essence de la ville. Paris naît de cette ambivalence, de cette confrontation entre le quartier et la très grande ville. Certains articles et certains thèmes tentent d’en faire la démonstration. Le peuple de Paris, tel que Le Petit Parisien nous le présente, est le premier facteur constitutif de cette unité. Nous examinerons quelle figure du peuple donne le quotidien et comment des symboles, des lieux et des événements participent à la construction de l’identité parisienne. Cette unité parisienne se manifeste également quand le quotidien nous parle du rapport de Paris avec les étrangers à la ville (provinciaux et étrangers). Le Paris Creuset et le Paris Babel sont en effet deux images de la ville qui, si elles évoquent l’hétérogénéité de sa population, contribuent par contre à démontrer l’homogénéité de la cité, en mettant en valeur sa capacité à accueillir et son rayonnement.