Les représentations de la Résistance dans la presse ouvrière féminine, 1944-1947

MEZZASALMA Philippe, Les représentations de la Résistance dans la presse ouvrière féminine, 1944-1947, Maîtrise [Antoine Prost, Lucette Le Van-Lemesle], Univ. Paris 1 CRHMSS, 19 932 vol. 194 p.

Seule organisation féminine issue de la Résistance, impulsée par des militantes communistes, mais rassemblant des femmes venant de tous les horizons politiques, l’Union des Femmes Françaises propose dans ses journaux, qui recouvrent l’essentiel de la presse ouvrière féminine en 1944, des images originales de la lutte clandestine. La présentation de celle-ci est strictement délimitée à l’évocation des résistants et non pas à « l’esprit » ou au programme de l’organisation. Développant des représentations horizontales de la Résistance, les militantes de l’UFF vont s’attacher à décrire et expliquer les conditions de leurs combats, s’efforçant de traduire la diversité des engagements et des situations. Le souci de ne pas oublier leurs camarades disparus y est omniprésent, tout comme la volonté de mettre en avant le rôle des jeunes et des femmes dans la lutte.

La découverte des conditions de lutte dans les camps de concentration, en avril 1945, est le moment d’une rupture qualitative dans ces représentations : la souffrance révélée occulte alors tout autre thème, les images se font plus floues, le discours plus univoque. Cette évolution correspond au début d’une lente reprise en main de l’UFF par la direction communiste.

Ce processus de réalignement s’achève en 1947, lorsque la ligne de l’UFF adhère complètement à celle du Parti Communiste. Le souvenir de la Résistance n’est plus utilisé que comme une preuve de légitimité, un argument dans le débat politique. Les représentations de la presse ouvrière féminine tendent alors à l’unicité, schématisées à l’extrême, déformées, cristallisées en quelques légendes définitivement figées et achevées, comme celles de Danièle Casanova et de Guy Môquet.