CRONIER Emmanuelle, Les Permissionnaires à Paris pendant la Grande Guerre, Maîtrise [Thierry Bonzon, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 298 p.
Le permissionnaire, pendant la Grande Guerre, était un soldat qui durant une semaine retrouvait la vie civile. L’ambiguïté de son statut est manifeste : était-il civil pour un temps, ou restait-il soldat avant tout ? Les aspirations des, soldat contrastent avec le point de vue des autorités militaires. Celles-ci ont avant tout cherché à encadrer les permissionnaires, par exemple lors du transport, ou au sein d’œuvres spécifiques, afin de préserver leur identité militaire. Les soldats, quant à eux, voyaient dans la permission surtout le moyen de retrouver leur liberté individuelle et entendaient profiter de leur « congé de détente » pour s’amuser.
Avec l’arrivée des permissionnaires, la physionomie de Paris a été modifiée, car les gares, les Boulevards, et plus généralement les lieux où l’on pouvait se divertir, étaient pris d’assaut par ces soldats. S’ils se sentaient investis de privilèges et de droits spécifiques, on ne peut pas pour autant affirmer qu’un fossé a existé entre les permissionnaires et les civils. Le discours des soldats, très critique à l’égard des civils, contraste en effet avec leur comportement qui semblerait plutôt indiquer qu’ils se sont laissé séduire par Paris, et ont parfois manifesté leur solidarité avec les civils. Un rapprochement inattendu qui indique que les préoccupations des uns et des autres n’étaient pas forcément opposées.