Les lectures de Gramsci en France entre 1968 et 1975

FRETIGNE Jean-Yves, Les lectures de Gramsci en France entre 1968 et 1975, Maîtrise [Antoine Prost, Danielle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1989, 245 p. + annexes

Nous nous sommes efforcés, dans ce mémoire, d’étudier la signification et les enjeux de l’actualité de Gramsci en France dans les années 1970 au travers des commentaires de son œuvre.

Nous avons d’abord dégagé la nature de cette actualité. Dans les années 1950, l’action politique de Gramsci est principalement mise en avant, tandis que, sous l’influence décisive de Louis Althusser, les aspects théoriques et en particulier philosophiques de ses écrits sont privilégiés durant la décennie 1960. L’actualité de Gramsci entre 1968 et 1975 réalise la synthèse de ces deux approches de son œuvre puisqu’elle se manifeste sous la forme d’une influe ce théorique et politique qui s’exerce sur des penseurs de la gauche française. Le débat sur cette actualité philosophique et politique de Gramsci s’articule autour de son marxisme-léninisme. Deux enjeux se dessinent.

– Le premier enjeu porte sur la nature même de l’œuvre de Gramsci. Il s’agit de déterminer si elle échappe au marxisme ou si elle s’y rattache. Cette dernière interprétation est dominante, mais elle doit s’affirmer contre la lecture qui juge les analyses gramsciennes plus proches des thèses syndicalistes-révolutionnaires et contre celle qui tend à faire du penseur italien un auteur qui inverse, par rapport à Marx et à Lénine le rapport entre l’infrastructure et les superstructures.

– Le second enjeu de l’actualité de Gramsci en France entre 1968 et 1975 est interne à l’interprétation dominante de son œuvre. Parmi les lecteurs de Gramsci qui affirment le caractère marxiste-léniniste de ses thèses un clivage politique se dessine entre ceux pour lesquels l’œuvre de Gramsci constitue un héritage que peuvent revendiquer avec raison les Partis communistes français et italien, et ceux pour lesquels les concepts politiques gramsciens sont seuls authentiquement révolutionnaires et ne sauraient s’inscrire dans les projets réformistes et révisionnistes du Parti communiste français et du Parti communiste italien.