ANTELMI Valérie, Les incidents dans le métro parisien sous l’Occupation, Maîtrise [Noëlle Gérôme, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 335 p.
Avec l’entrée à Paris le 14 juin 1940 des troupes d’occupation de l’armée allemande, les Parisiens voient leur existence bouleversée : les troupes s’installent, organisent et parent la ville à l’heure allemande. Le quotidien des Parisiens s’adapte alors aux nouvelles conditions de la cité assiégée.
Le métro, élément essentiel de la vie parisienne, prend lui aussi un nouveau visage ; dorénavant, dans les trains surchargés se côtoient journellement membres de l’armée allemande et Parisiens.
La Compagnie du métropolitain parisien, assurant un service public indispensable à la région parisienne, intéresse les occupants ; les membres de l’armée allemande utilisent le réseau pour voyager, mais aussi ses installations, ses ateliers et son personnel pour le service de la Wehrmacht, comme par exemple la réparation des chars et autres véhicules de l’armée hitlérienne. De plus, un conseiller allemand est attaché en permanence à la direction des Transports en Commun de la Région Parisienne et supervise l’organisation de l’entreprise. Le métro est sous tutelle allemande.
Au-delà des bouleversements internes à la CMP, l’usager du métro ressent et observe chaque jour l’intrusion de l’occupant et son autorité sans faille. Les comportements s’ajustent alors au contexte, mais parfois une querelle éclate, une voix plus forte se fait entendre. La nature de l’ordre public en ces temps troublés devait bien entendu se conformer aux conditions nouvelles du Paris occupé. Un calme apparent devait être maintenu, les réfractaires au nouvel ordre bâillonnés, les délinquants arrêtés.
La Préfecture de la Seine demande alors au directeur de la CMP, Paul Martin, de lui faire parvenir régulièrement des rapports d’incidents s’étant déroulés dans l’enceinte du métro et menaçant directement la sécurité publique. Les relevés d’incidents, transmis à la Préfecture et de fait aux autorités allemandes, avaient alors valeur d’indices et fournissent aux autorités de précieux renseignements.
Aujourd’hui, tous ces relevés, conservés aux Archives de Paris dans le fonds du cabinet du Préfet, forment une source exclusive et complète d’une valeur exceptionnelle. En effet, par-delà les descriptions détaillées et parfois anecdotiques des incidents, se dégage à l’étude des rapports une notion de l’ordre public construite, des critères d’ordre inhérents au contexte tout à fait intéressants. Outre l’étude des incidents eux-mêmes, nous pouvons alors observer comment le métro à cette époque était le théâtre, mais aussi l’enjeu des diverses forces antagonistes.