MAITRE Stéphane, Les grèves dans la Vienne de 1899 à 1935, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 109 p.
À la fin du XIXe siècle, alors que la contestation ouvrière atteint avec une certaine force les grands départements ouvriers de la France, la Vienne conserve un grand calme. En effet, le département peu industriel, donc peu ouvrier, ne subit aucunement les pressions ouvrières de l’époque et reste sous la domination politique de la bourgeoisie locale. Ce n’est qu’au cours des dix premières années de ce siècle que la région découvre les conflits sociaux sous l’impulsion de l’accession au pouvoir d’un groupe intermédiaire et d’une forte poussée syndicale qui vont agiter les masses populaires. Cependant, les conflits sociaux du début du siècle restent, dans la Vienne, le faible écho des grands mouvements parisiens ou du nord de la France. Les grèves sont en effet timides et peu organisées du fait d’une force syndicale encore faible et peu apte à seconder les ouvriers. La seule vague digne de ce nom se déclare en 1910-1911. C’est en effet à cette époque que l’on découvre pour la première fois l’existence d’un réel potentiel de contestation ouvrière. Il faudra cependant attendre les années 1919-1920 pour que le mouvement ouvrier prenne une véritable dimension et devienne réellement combatif et déterminé. Pendant les années difficiles qui allaient suivre, une nouvelle motivation ouvrière se fait jour, relayée par une meilleure organisation syndicale. Des grèves beaucoup plus importantes sont déclenchées, symptomatiques de la difficulté de la condition ouvrière de la région.