Les Fédérations des Metaux, lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1914-1982)

GUERBER Eric, Les Fédérations des Metaux, lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1914-1982), Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1985, 206 p.

Les Fédérations des Métaux offrent la double particularité d’appartenir dès l’origine à la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la CGT et de jouer, au sein de la Confédération, un rôle grandissant lui insufflant notamment une pensée moderne, résolument tournée, à partir des années 1905, vers l’analyse socio-économique.

Le présent travail s’attache à répondre aux deux questions suivantes :

  1. a) Par quel processus le syndicalisme-révolutionnaire d’Action directe est-il passé, en quelques années, de l’espérance concrète d’une transformation radicale de la société à la patiente étude des réalités socio-économiques qui considère l’acquisition de la connaissance des mécanismes de l’économie capitaliste comme une nécessité pratique et stratégique.
  2. b) Comment les délégués et les dirigeants fédéraux ont-ils ajusté leur stratégie et leur tactique à la connaissance nouvelle du milieu économique.

Les recherches, guidées essentiellement par l’étude des Compte rendus de congrès fédéraux, mettent en évidence les cinq points suivants :

1/De 1892 à la            fin du siècle, c’est-à-dire lors de la phase de formation des fédérations, le travail d’analyse n’est pas une tâche réellement spécifique.

2/Au tournant du siècle, tandis que l’idée de révolution sociale est à l’ordre du jour, prédomine chez les militants une vision utopique de la société qui présuppose la possibilité de s’affranchir radicalement des réalités économiques et sociales inhérentes au système capitaliste.

3/Dans les années 1904-1905 naît, sous l’impulsion essentielle d’Alphonse MERRHEIM, une nouvelle forme d’analyse qui s’attache à décrire l’ordre réel, saisi dans son aspect économique.

4/Orientée non plus uniquement vers le monde ouvrier, cette nouvelle analyse expose avec précision les mouvements les plus récents de l’économie capitaliste et souligne l’engagement du patronat français dans un processus de consolidation, d’organisation et de concentration.

5/La connaissance plus complète du rapport des forces en présence acquise par cette voie a influé sur l’élaboration de la stratégie fédérale, et ce, particulièrement dans la période de crise traversée par le syndicalisme révolutionnaire dans les années 1911-1914.