Les événements de Mai 68 dans la Somme

 

FRUITIER Stéphane, Les événements de Mai 68 dans la Somme, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 206 p. + index + annexes

Ce mémoire propose une étude des divers champs sociaux ouverts par le plus grand conflit de l’histoire sociale en France à l’échelle d’un département.

Elle fait apparaître l’aspiration des grévistes à l’obtention de nouveaux droits sociaux compris comme devant nécessairement être abordés par un mouvement d’ensemble.

Cette dynamique nationale sera trouvée à l’occasion de la journée nationale de grève le 13 mai, en réponse à la violence policière, mais surtout, avec l’entrée massive des travailleurs dans la grève, entre le 20 et le 25 mai.

Au cours de cette période, le mouvement se donne un projet sous l’action des organisations ouvrières qui consacre la primauté de l’action revendicative sur l’action politique, dans une perspective négociable du conflit. À partir de cet objectif s’établissent les structures de la grève et ses modalités d’action ainsi que le cadre paritaire devant désigner les rapports internes aux différentes composantes du mouvement et ceux à l’adversaire (patronat, pouvoirs publics, etc.).

Ce projet amènera par la suite les organisations ouvrières à briser le cadre national de la grève après le rejet par les travailleurs des « accords » de Grenelle et l’exacerbation de la crise politique qui s’en suit (déplacement du champ revendicatif au niveau des branches et de l’entreprise). Celle-ci conduira la gauche à s’avancer davantage (premiers meetings publics du PC les 29 et 30 mai), mais ne l’invitera pas, ni à sortir du cadre paritaire, ni à lier ses objectifs politiques à la dynamique sociale (la traduction politique du « gouvernement populaire » avancée par le PC étant conditionnée à la réalisation d’une union hypothétique avec les socialistes).

La droite et le patronat exploiteront dès lors l’impasse politique dans laquelle se font face socialistes et communistes, pour passer à la contre-offensive dont le discours de De Gaulle, le 30 mai, donne le signal.

À partir du consensus de la classe politique établi autour des élections législatives anticipées, et avancées par le chef de l’État, s’amorcera progressivement la reprise du travail ; la « normalisation » trouvant à s’inscrire, dans la Somme comme ailleurs, dans la victoire de la droite aux élections.