Les événements de Charonne, février 1962

BRAUX Nathalie, Les événements de Charonne, février 1962, Maîtrise [Antoine Prost, Michel Launay], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1982, 190 p. + annexes

Les événements de Charonne se déroulent dans un contexte de forte tension, due principalement à l’interminable conflit franco-algérien. La politique algérienne du Général de Gaulle qui vise la décolonisation suscite une vive opposition de la part d’un mouvement pro Algérie française : l’OAS. Ce groupement se fait connaître par la terreur aussi bien en Algérie qu’en France.

La manifestation anti-OAS du 8 février 1962, organisée par le PCF, le PSU, et la CFDT, répond à une série d’attentats commis la veille par l’OAS. Les forces de l’ordre interviennent violemment pour réprimer cette manifestation, et le bilan se solde par huit morts chez les manifestants, appartenant tous à la CGT ou au PCF, et plus de 240 blessés.

L’étude des articles de journaux prouve que la majorité de la presse parisienne soutient le gouvernement sinon pour la brutalité de la répression policière du moins pour sa fermeté anti-communiste, et sa volonté d’éviter les troubles. La presse communiste reste seule à clamer l’honnêteté des manifestants, et à dénoncer sans nuances les actions de la police.

Les très nombreuses réactions des partis, des syndicats, et d’organisations diverses, soutenant les participants du 8 février, expriment une condamnation de la répression policière, de la violence en général, et le souhait de voir s’achever la guerre. Elles permettent pour la première fois depuis longtemps des actions unitaires de la gauche.

Cependant, comme cette étude sur les événements de Charonne permet de le constater, le rassemblement populaire du 13 février 1962, lors des obsèques des victimes, ne symbolise ni une contestation absolue du gouvernement (car on mise sur le pouvoir pour le règlement du conflit) ni un soutien massif aux organisations de gauche (comme celles-ci ont voulu le croire). L’ambiguïté de ces événements réside dans les multiples interprétations politiques qui en ont été faites. La seule communément admise reste celle qui établit un lien de cause à effet entre les événements de Charonne et les Accords d’Evian.