Les députés résistants et l’Algérie sous la IVe République (8 mai 1945-3 juin 1958)

CIVET Jean-François, Les députés résistants et l’Algérie sous la IVe République (8 mai 1945-3 juin 1958), Maîtrise [Jean-Louis Robert, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 322 p.+ annexes

Les députés résistants sous la IVe République forment l’ossature des chambres des députés successives malgré une diminution sensible de leur nombre : baisse de 72 % à 60 % des élections d’octobre 1945 à celles du 2 janvier 1956. Ils ne se distinguent pas par une capacité commune à voter certains textes sur l’Algérie avant ou pendant les « événements ». L’Algérie ne semble pas susciter dissidence avant et pendant les « événements » jusqu’en 1957 : celle-ci n’existe qu’au niveau de personnalités remarquées surtout lors de l’expérience mendésiste, même si leur attachement à l’Algérie fut plus précoce pour certains (Temple, Fonlupt-Esperaber, Bouret influents lors du statut). Ils ne se sont pas uniquement définis en fonction de la situation algérienne que seules les élections de janvier 1956 mettent au premier plan. L’extension des pouvoirs spéciaux à la métropole provoque la première rupture significative en raison des atteintes portées à la défense des libertés individuelles : 26 socialistes ne prennent pas part au vote et une partie significative du MRP s’abstient dont deux Compagnons de la Libération, Tejtgen et de Menthon. D’autres, comme Henri Ulrich et Francine Lefebvre s’engagent dans un processus d’opposition. L’indécision du gouvernement Bourgès-Maunoury explique l’émergence d’une autre opposition qui dénonce l’impuissance du régime et son incapacité à conserver l’Algérie française, conduite par des Compagnons de la Libération comme Dronne ou P. André. Les événements de mai seront, pour ce second front, déterminants, forçant les indépendants indécis à rejoindre les anciens soutiens mendésistes (Kir, Temple, Moustier, fils de I’un des quatre-vingts) ou les opposants aux lois-cadres qui ont pour porte-parole Pierre Montel. Une spécificité résistante dans un camp ou dans l’autre n’est pas décidable. Des personnalités résistantes dissidentes, Daniel Mayer, George Bidault ou François Reille-Soult fondent leur argumentation sur leur résistance, notamment l’opposition à Munich pour l’ancien président du CNR. Savary ne se justifie pas par son passé résistant et comme Fonlupt-Esperaber, intéressé par l’Algérie, il songera à se présenter aux élections législatives de 1958 en Algérie, position singulière au sein des minorités.