KESTEL Laurent, Les candidats du Front National aux élections législatives : 1986-1997, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 158 p. + annexes
Parti embryonnaire, Le Front national entame une nouvelle étape de son implantation électorale avec les élections législatives de 1986. Comment celui-ci a-t-il, en une période relativement courte, trouvé ses candidats ?
Leur désignation et l’élaboration des professions de foi électorales procèdent des instances nationales. Les candidats présents aux élections législatives reflètent par ailleurs la stratégie politique du moment : volonté affichée de notabiliser le mouvement (et donc les candidatures) en 1986, repli idéologique incarné entre autres par des candidats issus des familles de l’extrême droite les plus radicales (nationalisme-révolutionnaire, négationnisme), et ce dès les élections législatives de 1993.
Malgré une popularisation croissante du vote FN, le Front national n’a pas modifié le profil sociologique de ses candidats. Leur représentativité semble figée à la photographie de l’électorat FN de 1984, à savoir le vote de la protestation bourgeoise. Largement entravée par les instances nationales, la participation des candidats se résume en une reprise — maladroite pour certains — de la rhétorique national-populiste de Jean-Marie Le Pen, dénuée le plus souvent d’inflexion locale et par la construction d’un profil de notable.
En définitive, si la carence en matière de personnel politique intermédiaire est bien réelle, celle-ci doit être nuancée par la solide implantation de 106 candidats, issus des élections législatives de 1988, tant au niveau électoral qu’au niveau des instances dirigeantes du mouvement.