L’Enseignement de l’histoire dans les lycées de 1945 à 1980, trente-cinq ans de débats

WAJNBERG Laurent, L’Enseignement de l’histoire dans les lycées de 1945 à 1980, trente-cinq ans de débats, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 122 p.

L’étude des débats à l’intérieur du corps professoral montre que l’enseignement de l’histoire, partagé entre des tendances et des principes antagonistes et que l’on tente tant bien que mal de concilier, reste constamment à la recherche d’un équilibre entre science et culture, histoire et pédagogie, modernité et tradition.

Conçu pour légitimer la IIIe République naissante, il ne parvient pas à se détacher de ses fondements : histoire politique et diplomatique, histoire européocentrée des États et non des peuples, enseignement austère ; une modernisation est indispensable. Mais le dogme de la continuité historique, le désir d’enseigner toute l’histoire, entravent les efforts entrepris. Certes, les programmes, déjà ouverts à l’histoire économique et sociale, font une place à l’histoire des civilisations. Le document est de plus en plus utilisé, en vue de faire de l’enseignement historique un exercice réellement formateur pour l’esprit, comme on le prétend depuis longtemps. Celui-ci, prenant ainsi en compte les critiques dont on l’accable, se veut résolument tourné vers la compréhension du monde actuel, afin de former de futurs citoyens.

Cependant, ces innovations se heurtent à la routine, à l’attachement aux traditions, à la peur du changement ; les dogmes se laissent difficilement détrôner. Et les excès même discréditent certaines expériences : les professeurs exclusivement pédagogues des années soixante-dix ne font pas plus l’unanimité que les professeurs exclusivement historiens des décennies antérieures. L’enseignement de l’histoire se laisse donc ballotter entre différents modes et conceptions.