L’enfance et l’adolescence délinquantes dans la région parisienne : Le défi de l’éducatif (1945-1955)

MALDANT-BITOUT Flora, L’enfance et l’adolescence délinquantes dans la région parisienne : Le défi de l’éducatif (1945-1955), Maîtrise [Jean-Louis Robert-Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 207 p. + annexes

En 1945, il s’agissait de construire et de légitimer un choix politique et social : la substitution de l’éducation à la répression et la primauté du délinquant sur le délit. Au sortir de la guerre, l’État repense et réorganise la protection judiciaire de l’enfance : l’ordonnance du 2 février 1945 symbolise le passage à une nouvelle perception du mineur délinquant, on passe de l’enfant coupable à l’enfant inadapté. Le délit est perçu comme la manifestation de l’inadaptation du mineur, consécutive aux conditions de vie qui lui sont imposées par sa famille et son milieu social. La réforme judiciaire met en place différentes mesures de protection, qui visent non pas à protéger la société d’un criminel, mais à réinsérer le délinquant. Avec la nouvelle procédure judiciaire, tout un nouvel encadrement éducatif et médical émerge et implique des méthodes personnalisées centrées sur le mineur. L’élaboration du discours sur l’inadaptation et la prise en charge des mineurs délinquants sont théoriquement et techniquement données par la neuropsychiatrie : la notion de discernement est abolie au profit de catégorisations qui définissent les mesures appropriées à la personnalité du mineur. La période 1945-1950 est une phase de transition entre l’héritage pénitentiaire, qui tendait à sortir de l’aspect répressif et l’émergence de pratiques éducatives pas encore clairement définies. Au fur et à mesure des avancées théoriques et pratiques, se substitue à un discours scientifique un débat qui se fonde sur des notions plus psycho-sociologiques. La pensée de la rééducation évolue vers la normalisation de l’enfant délinquant et cette tendance se manifeste dans l’affinement des mesures éducatives.