CHARBIT Elsa, L’Écho de Paris et la mémoire du 6 février 1934 (1934-1938), Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 117 p.
Ce mémoire de maîtrise se propose d’étudier la façon dont le journal L’Écho de Paris a véhiculé la mémoire du 6 février 1934 jusqu’à la fin de sa parution en 1938.
Il s’agit donc d’une mémoire en construction, encore fortement conditionnée par les enjeux politiques liés directement à l’événement qui la fonde. L’hypothèse d’un complot soulevée au lendemain de l’événement représente un enjeu politique fort pour les ligues ayant participé à la manifestation et pour ceux qui soutiennent plus généralement leur action, et devient immédiatement l’objet d’une violente polémique. Élément fondamental de la construction de cette mémoire, la légitimité politique de cette frange de la droite dépend effectivement de la reconnaissance positive du 6 février 1934 au sein de la société française.
Organe par excellence de la droite conservatrice patriote et catholique, ardent partisan du 6 février 1934 et démocrate convaincu, ce journal, plus que tout autre, révèle les paradoxes de la droite légaliste de 1934.
Le plan de ce mémoire s’articule autour des deux axes majeurs qui caractérisent la construction de la mémoire du 6 février 1934 dans L’Écho de Paris : la tentative d’intégration de cet événement à la mémoire collective et la réfutation de la thèse du complot. Ces deux thématiques se construisent en parallèle et sont interdépendantes. L’accusation de complot rend, en effet, d’autant plus nécessaire l’intégration positive de l’événement à la mémoire collective. Complot rime avec minorité, illégalité et désordre ; L’Écho de Paris revendique, pour cet événement, le collectif, la légitimité et l’affiliation aux épisodes les plus prestigieux de l’histoire nationale.
Mais avec l’avènement du Front populaire en 1936, qui scelle la victoire des « antifascistes » du 9 et du 12 février 1934, cette mémoire bascule dans l’illégitimité. L’histoire de la tentative de légitimation du 6 février 1934 et de sa mémoire est avant tout l’histoire d’un échec.