Le théâtre et l’Action française, 1898-1914, Maîtrise [Pascal Ory]

MONTBOBIER Émilie, Le théâtre et l’Action française, 1898-1914, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 120 p.

L’Action française s’est imposée comme le principal mouvement nationaliste et royaliste du XXe siècle. L’époque comprise entre le retentissant « J’accuse ! » de Zola et le début de la Première Guerre mondiale voit naître et grandir ce groupe politique. Le Comité d’Action Française créé par Vaugeois et Pujo va trouver en Charles Maurras le théoricien des idéaux politiques du groupe. Ce dernier ayant toujours soutenu que sa doctrine politique lui avait été inspirée par ses conceptions artistiques et littéraires, le mouvement fut remarqué aussi pour la place particulière qu’il donnait à la critique littéraire et théâtrale dans ses organes de presse.

La Revue de l’Action française et le quotidien qui portait le nom du mouvement ne se contentèrent pas d’affirmer les positions de l’Action française sur les questions politiques. Des plumes de Blainville et de Léon Daudet jailliront les conceptions artistiques et littéraires du mouvement. Les œuvres classiques sont magnifiées et posées en références suprêmes. Tous les auteurs ne se référant pas au classicisme et aux valeurs traditionnelles, que s’offre de défendre le mouvement, sont exclus défi­nitivement des invitations à la lecture faite aux abonnés de la revue et du quotidien. Les critères de sélection deviennent ceux que détermine l’idéologie politique du mouvement. Les auteurs nationalistes et les auteurs xénophobes sont encensés, ceux d’origine étrangère ou juive sont systématiquement bannis. Le romantisme, le natu­ralisme ou le symbolisme sont envisagés comme un même courant artistique né des idéaux révolutionnaires réprouvés par l’Action française. Toutes les pièces de théâtre qui s’en réclament sont mises à l’index.

L’actualité théâtrale devient alors l’instrument de la propagande de la doctrine politique du mouvement.

Les Camelots du roi, en prenant d’assaut les théâtres vont joindre à la critique dogmatique l’utilisation de la violence physique pour condamner toute pièce n’étant pas en parfaite adéquation avec l’idéologie politique de l’Action française.

D’inspirateur des idéaux politiques de l’Action française qu’il avait été, l’Art devient peu à peu l’un des promoteurs de la doctrine du mouvement, le théâtre un simple vecteur du « nationalisme intégral ».