Le quartier de Saint-Germain-des-Prés pendant l’Occupation, à travers les répertoires analytiques

SCHOREISZ Stéphanie, Le quartier de Saint-Germain-des-Prés pendant l’Occupation, à travers les répertoires analytiques, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Denis Peschanski, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 190 p.

La vie quotidienne du quartier de Saint-Germain-des-Prés de 1939 à 1945 consiste dans l’étude des habitudes de vie et dans leur évolution sur un fond de défaite, d’Occupation et de Libération. Sur cette période, elle subit des bouleversements importants. L’archive nécessaire à cette étude est l’ensemble des dépositions des répertoires analytiques de la période. Il s’agit d’une source policière rédigée par les agents de police à leur retour de tournée. Dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, les habitants regroupés autour de l’abbaye, qui donne son origine au quartier, reçoivent l’annonce de l’entrée en guerre comme un véritable choc. Les hommes sont mobilisés tandis que les femmes tentent tant bien que mal de subsister. La défaite de l’armée française affole la population germanopratine qui décide de fuir et de s’engager sur les chemins de l’exode où les règles de vie et le respect d’autrui n’existent plus ; le nombre de vols et de pillages en est significatif. Les Allemands entrent dans la capitale le 14 juin 1940 et leur présence dans le quartier se fait immédiatement sentir : ils imposent, dès leur arrivée, un couvre-feu et un ensemble de règles soumettant les occupés, ils pillent les magasins et réquisitionnent les hôtels du quartier pour s’y loger. Paris et ses quartiers aux mains d’un pilleur se vident petit à petit de ses ressources alimentaires. Pénurie et privations sont quotidiennes. Tout vient à manquer : nourriture, vêtements, charbon. Face à cette pénurie, des ripostes sont établies comme le troc et l’envoi de colis familiaux, que les paysans envoient aux citadins pour compléter leur nourriture journalière. Cependant, ce manque de tout amène un bouleversement des comportements et des mentalités. La fraude, le vol sont monnaie courante. Dans ces temps de misère, l’honnêteté et la moralité sont sérieusement affectées. D’autre part, les services de police sont les exécutants dociles des mesures de répression édictées par l’Occupant. Cette collaboration est de plus en plus mal perçue par les habitants du quartier qui assistent impuissants aux rafles et traques des communistes et des Israélites du quartier. Certains décident de réagir et par des gestes symboliques marquent leur opposition à la présence de l’Occupant dans le quartier. Croix de Lorraine, tracts puis attentats se multiplient dans Saint-Germain-des-Prés. L’aboutissement final en est la libération du quartier par les hommes de la résistance, aidés des services de police français et des populations. Le quartier profite de sa liberté retrouvée, mais les exactions commises pendant l’Occupation par ceux qui ont pactisé avec les Allemands sont dénoncées et leurs auteurs arrêtés. Une véritable furie s’empare des habitants du quartier à l’encontre de ces « collaborateurs ». Avec la Libération, Saint-Germain-des-Prés « accueillent » de nouveaux « occupants » : les Américains commettent des délits et des abus dans le quartier : vols, agressions et marché noir. Un autre phénomène lié à la Libération est une véritable soif de vivre de la jeunesse qui a vécu cette difficile période d’Occupation. Saint-Germain-des-Prés devient le lieu de rendez-vous de ces jeunes qui se réunissent dans ses caves, devenues des bars. Jazz et fureur de vivre sont désormais les maîtres mots de Saint-Germain-des-Prés.