Le personnel communal à Aubervilliers de 1884 à 1954

BELLANGER Emmanuel, Le personnel communal à Aubervilliers de 1884 à 1954, Maîtrise [Claude Pennetier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 176 p.

Aubervilliers qui était à l’origine une ville agricole et maraîchère devient sous le Second Empire une ville industrielle. Les services municipaux s’étendent et se renforcent pour répondre à l’accroissement démographique : en 1856, la commune comptait 3 842 habitants, en 1886, 22 223, en 1926, 48 053, et en 1936, 55 871. L’organisation de l’administration locale varie selon les mouvances politiques. Les services peuvent être soit concédés à un adjudicataire, soit mis en régie directe. La « municipalisation » des services accroît considérablement les effectifs qui passent de 69 agents en 1889 à 487 en 1955.

Le personnel communal, morcelé par catégorie, est longtemps en quête de cohésion. Le premier statut fut adopté tardivement en 1919 suite à la grève des agents communaux qui paralysa les services municipaux de la Seine. Cette action syndicale, soutenue par les députés de gauche et en premier lieu par Laval, exprime les revendications statutaires et salariales, d’une catégorie sociale jusqu’alors ignorée des pouvoirs publics. Ce mouvement surprend par son ampleur. Le Syndicat des Ouvriers et Employés communaux du département de la Seine devient un interlocuteur obligé. L’État, par l’intermédiaire de son ministre de l’Intérieur, Pams, intervient et fait adopter la loi du 23 octobre 1919. Cette loi qui protège l’employé est aussi la première restriction importante de l’autonomie communale.

Aubervilliers s’illustre par un tempérament politique original. Une grande stabilité du personnel d’encadrement est observée, quels que soient les mandats : les maires radicaux, Domart, Fourrier, Poisson (1884-1919), les maires socialistes, Georgen (1919-1923) et Laval (1923-1944), les maires communistes, Tillon et Dubois. À la Libération, seulement 10 employés sur 422 sont sanctionnés contre 131 à Saint-Denis. L’employé communal tend à devenir, selon le terme d’Henri Sellier, un « collaborateur » associé à la réalisation des programmes municipaux.