Le débat syndical sur la politique d’immigration en France au début des années 30

BINOCHE Patrice, Le débat syndical sur la politique d’immigration en France au début des années 30, Maîtrise [Bruno Groppo, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1985, 241 p.

La crise économique que connut la France au début des années 30 fit de l’immigration une question de première importance. Entre la présence des travailleurs étrangers et l’existence de chômeurs français une relation de cause à effet fut rapidement établie.

CGT et CGTU, les deux organisations syndicales qui ont principalement retenu notre attention au cours de cette étude, développèrent des thèses différentes face à cette situation. La CGT, de tendance réformiste, se prononça pour un contrôle tripartite de l’immigration (gouvernemental, patronal et ouvrier), tant aux frontières que sur le territoire français. La CGTU, de tendance communiste, revendiqua un contrôle strictement ouvrier.

Cette opposition fondamentale, qui s’inscrit dans le climat général du débat syndical, empêcha toute action commune pour des revendications pourtant parfois partagées (salaires égaux à ceux des Français, même protection sociale…).

Bien plus que par la crise, le débat syndical sur la politique d’immigration en France au début des années 30 fut marqué par l’opposition entre les deux principales organisations. La réunification modifia davantage leurs attitudes que ne l’avait fait quelques années plutôt l’apparition de la crise. Les travailleurs étrangers, comme l’ensemble du prolétariat de France, furent les victimes de cette division.