RETAILLAUD Emmanuelle, Le contingentement des films étrangers en France, 1928-1936, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1990, 199 p. + annexes
Nous avons voulu étudier un épisode de l’histoire du cinéma français de l’entre-deux-guerres, le contingentement des films étrangers : en d’autres termes, les mesures qui ont été prises par les pouvoirs publics à partir de 1928 afin de limiter le nombre de films étrangers diffusés sur les écrans français, dans l’intention de développer un cinéma national en crise (les deux phénomènes étant considérés comme liés). Nous avons dans un premier temps cherché à présenter et à analyser la nature de ces mesures, puis à montrer quel était l’enjeu corporatif du contingentement pour les différents groupes professionnels concernés à divers titres par le problème : exploitants de cinéma, producteurs, artistes, distributeurs. Pour ce faire, nous disposions de documents – lettres, rapports des différents protagonistes du contingentement – conservés aux Archives Nationales, que nous avons cherché à compléter par un dépouillement plus systématique de la grande presse de l’époque. Mais une fois envisagé cet aspect pour ainsi dire technique de la question, nous avons voulu montrer comment le contingentement a largement dépassé le cadre du cinéma, comment celle affaire a d’emblée revêtu une dimension idéologique qui lui était constitutive : contingenter les films étrangers, c’était indirectement protéger et défendre la nation française. Il s’agissait enfin de montrer comment la dénonciation des mesures de contingentement était à la fois une façon d’opposer des valeurs différentes et de chercher à défendre réellement le cinéma français. En ce sens, le contingentement n’a pas seulement été un épisode de l’histoire du cinéma français, mais il a aussi fait l’objet d’un débat : c’est ce débat que nous avons voulu mettre en lumière, en essayant de montrer par là même qu’une politique du cinéma n’est jamais neutre.