TOUMIT Cécile, L’alternative culturelle : le rôle et l’action d’associations d’opposition face à la politique culturelle de Jack Lang, 1981-1986, Maîtrise [Pascale Goetschel], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 151 p.
Depuis la fin des années 1960, la culture a véritablement fait irruption sur la scène politique. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en mai 1981, la culture devient un « impératif culturel » : le nouveau ministre de la Culture, Jack Lang, lance ainsi la France dans la politique du « tout culturel ». C’est dans ce contexte que des artistes, réunis au sein de l’association « Art et Lumière », se proposent de lutter conne de supposées théories avant-gardistes devenues, selon eux, « culture officielle ». D’une démarche à l’origine artistique — ils souhaitent fonder un festival « porteur de valeurs populaires et spirituelles » —, la contestation rejoint les objectifs des hommes politiques de droite. En effet, après vingt-trois ans de pouvoir, ces derniers sont rejetés dans l’opposition où ils prennent conscience de l’importance du fait culturel dans l’établissement d’une politique globale. La culture est devenue un enjeu majeur pour les élus, au même titre que l’économie. Ainsi, une « Association des élus pour la liberté de la culture » est créée à l’initiative du maire RPR de Saumur, Jean-Paul Hugot, pour « arracher à la gauche le monopole de la culture ». Une alliance est donc passée entre les artistes et les hommes politiques de l’opposition : pour ces artistes — qui se trouvent hors des subventions du ministère de la Culture et qui se sentent « opprimés » et « menacés » — le monde politique de droite représente le seul soutien possible pour pouvoir « créer librement » dans l’optique spiritualiste qu’ils défendent. Au moyen d’une troisième association, l’« Alliance pour une nouvelle culture », ils vont donc chercher à étendre leurs relations à droite. Cependant, des liens sont aussi tissés avec des mouvances plus radicales, voire extrémistes, de la droite française. De leur côté, les élus — comme Jean-Paul Hugot à Saumur — utilisent la démarche artistique comme un élément actif d’une politique culturelle municipale. Mais ce mouvement contestataire, avec la création du Festival International de France — festival où se mêlent réalisations artistiques et forums de discussions politiques, va susciter l’intérêt de la presse. Certains, comme la presse locale et la presse de droite, s’intéressent à la démarche artistique qu’ils jugent de grande qualité, alors que la presse de gauche tend à présenter les associations comme un mouvement d’extrême droite. Ce jugement ne laissera pas indemne le mouvement aussi bien au niveau artistique que politique.