WILLAUME Marie, La Semaine, Taure la vie et Actu : la presse populaire illustrée collaborationniste (1940-1944), Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 263 p.
Cette étude a pour objet trois magazines populaires illustrés au service de la collaboration qui paraissent en France pendant l’Occupation : La Semaine (17 juillet 1940 – 8 juin 1944), Toute la vie (7 août 1941-10 août 1944) et Actu (3 mai 1942-13 août 1944). Ils ont été créés pour soutenir la politique de rapprochement franco-allemand par des collaborationnistes convaincus. Leurs directeurs respectifs sont Guy Bunau-Varilla, Jean Luchaire et Philibert Géraud. Dirigés et réalisés par des équipes françaises, ces hebdomadaires sont cependant sous le contrôle étroit des institutions allemandes chargées de la propagande en France occupée. Toute la vie et Actu sont deux des nombreuses publications contrôlées par le trust Hibbelen, le groupe de presse de l’ambassade. Reprenant les formules de la presse magazine illustrée des années trente, ces publications représentent une voie d’accès originale à la culture collaborationniste. Loin d’être exclusivement politique, leur contenu rédactionnel est d’une grande diversité : il mêle mondanités parisiennes, actualités militaires et diplomatiques, divertissements et articles célébrant la « renaissance » de la France. Cette recherche s’intéresse également à la structure formelle de ces médias qui se distingue par sa modernité et sa richesse iconographique. Ces trois titres véhiculent les valeurs de la Révolution nationale, mais également l’idéologie européenne. La dimension nationale du discours vise à susciter l’illusion d’une souveraineté française et à mobiliser les énergies dans l’instauration de l’ordre nouveau, d’une part, et à démontrer la nécessité de la collaboration, d’autre part. La dimension européenne insiste de façon manichéenne sur la légitimité du combat mené par le Reich contre des ennemis qui menacent la civilisation. L’édification de l’Europe nouvelle apparaît comme l’horizon pacifié de cette lutte et comme l’avenir de la France. Il s’agit de poser la question des conditions de production de ces magazines, de leur adaptabilité à la propagande et de leur place dans l’appareil d’occupation allemand.