PATRAULT Marie-Laure, La résistance dans le XXe arrondissement, 1940-1944, Maîtrise [Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 162 p.
Situé à l’est de Paris, cet arrondissement a été annexé à la capitale par décret haussmannien en 1860. En 1940, le XXe est un quartier populaire traditionnellement de gauche et à forte proportion d’immigrés. Ses habitants sont majoritairement ouvriers ou artisans.
L’étude réalisée à partir d’un échantillon de résistants ayant un lien avec l’arrondissement permet de constater une mobilisation de jeunes aux côtés de plus âgés (moyenne d’âge 34 ans). Ils sont pour 38 % d’entre eux ouvriers ou artisans, on rencontre aussi des commerçants, des enseignants, des étudiants, des employés aux PTT, à l’hôpital, au métro, à la mairie, dans la police Les femmes occupent une place importante, proche de 25 %, chiffre supérieur à la moyenne nationale. Divers courants idéologiques sont représentés : les communistes avec l’organisation des Jeunesses (dont l’un des responsables est Henri Krasucki) la Main-d’œuvre immigrée, les juifs (nombreux dans le XXe), les socialistes avec le réseau Brutus et le mouvement Libération-Nord ou encore les gaullistes avec le réseau CND Castille.
Les actions de résistance multiples vont de la simple propagande, au moyen de tracts, de papillons et de journaux, à l’action armée. Une presse clandestine, à tendance communiste, propre à l’arrondissement est présente avec L’Éveil du XXe, et La Voix des femmes du XXe incite à la mobilisation contre l’ennemi et à la formation de manifestations pour l’amélioration du ravitaillement. Des groupes d’actions armées se forment dès 1941. Certains résistants participent à des opérations importantes, c’est le cas de Fernand Zalkinow présent aux côtés du Colonel Fabien lors de l’attaque d’un officier allemand à la station Barbès. Plusieurs membres de la MOI et des FTP-MOI se « planquent » dans l’arrondissement tels Marcel Rajman ou Armenak Manoukian. Progressivement, les Jeunesses communistes et une partie de la MOI sont victimes de dénonciations ou de filatures des inspecteurs des Brigades spéciales, entraînant ainsi leur « chute ». Toutefois, à partir du mois de juillet 1944, de nouveaux groupes de tendances pluralistes se reforment et participent activement à la Libération.
On trouve également dans le XXe le centre d’hébergement surveillé des Tourelles où séjournent des internés politiques et administratifs. Celui-ci est une plaque tournante d’où partent de nombreux convois en direction de camps comme Drancy ou Pithiviers. Il a pour particularité d’être sous la responsabilité de gendarmes français. La résistance y est tout de même présente et des réseaux d’évasions tentent de se former. La lutte des résistants du XXe pour les libertés ne se limite pas nécessairement à l’arrondissement en tant que tel, c’est pourquoi nous nous sommes également intéressés aux actes réalisés par les habitants du XXe en dehors de ce territoire. Si les témoignages et les archives ont permis de reconstituer petit à petit de nombreux faits de résistance, certains malheureusement restent encore dans l’ombre.