LESAFFRE Charlotte, La représentation du poilu à travers les paroles de chansons après la Grande Guerre, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 144 p.
En 1918, les artistes sont affaiblis psychiquement. La maladresse de Maurice Chevalier devant son public témoigne de la dure réadaptation des artistes. Certains répugnent à chanter la guerre alors que d’autres voient en elle un moyen de vendre plus de disques. Pourtant, le public souhaite tourner le dos à ces sombres années. Par les spectacles et les chansons, il veut se divertir joyeusement. L’étude stylistique des auteurs les plus prolixes concernant notre sujet montre la multiplicité des auditoires. Par un vocabulaire allant du registre le plus pompeux, au registre le plus familier, les auteurs essaient de capter l’attention de publics ciblés.
Les auteurs mettent les poilus sur un piédestal en décrivant leurs multiples souffrances et la hauteur de leur sacrifice. Ils évoquent les lauriers et les drapeaux au point d’en faire des clichés. Le mérite essentiel des soldats, aux yeux des auteurs, est d’avoir sonné le glas des guerres. L’insistance sur cette donnée montre le rôle didactique dont ils sont affublés : leur expérience doit être un enseignement pacifiste.
Les auteurs évoquent les soldats comme une masse d’illustres anonymes. Les chansons qui les considèrent dans leur individualité sont rares, mais plus poignantes. Le relâchement des relations entre les poilus et la société se lit à travers les chansons. Les auteurs les plus audacieux dénoncent les conditions d’inhumation et leurs problèmes de réinsertion. Mais jamais n’est condamné leur grégarisme.