ARDOIN Laurent, La Première Internationale à Toulouse, Maîtrise [Jacques Girault, Jacques Rougerie], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 189 p.
Toulouse semblait au départ peu propice à une étude sur l’Internationale puisque cette ville ne possédait à l’époque qu’une industrie à l’état embryonnaire. De plus, elle s’inscrivait dans une région essentiellement rurale où les structures sociales étaient marquées d’un paternalisme latent.
Dès septembre 1870, la Haute-Garonne se voyait dotée d’un préfet radical intransigeant particulièrement truculent, Armand Duportal. Or, c’est par l’intermédiaire des radicaux de Duportal que l’Association Internationale des Travailleurs s’installa dans la région toulousaine. Cette installation fut tardive par rapport à d’autres villes puisqu’elle n’intervint qu’à la fin de l’année 1870. En fait, cela permit aux radicaux de contrôler la section toulousaine de l’A.I.T. et ainsi de se rapprocher du milieu ouvrier. Après la Commune de Toulouse, le conseil général de l’A.I.T., dominé par les marxistes, délègue Émile Dentraygues pour développer et surtout émanciper les sections locales du « paternalisme » radical. Pendant l’année 1872, une Internationale se structure et mène une propagande active auprès de la population ouvrière pour qu’elle se détache de l’emprise radicale. Cependant, l’organisation reste faible et déchirée par des dissensions internes. La vague nationale de répression contre l’Internationale qui est organisée par le gouvernement de Thiers n’épargne pas Toulouse. En mars 1873, s’ouvre un procès qui voit 38 inculpés condamnés à des peines diverses. Celui-ci marque l’échec des marxistes dans leur tentative de constituer une forte organisation dans cette partie de la France.