CUKIER Déborah, La perception du recensement de la population française : reflet d’une société de 1968 à 2001, Maîtrise [Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 250 p.
L’idée générale de notre recherche est d’aborder le recensement de la population française d’une manière nouvelle, sous l’angle de la perception. Le principal objet de ce mémoire consiste à analyser la perception du recensement et son évolution pour toute une société de 1968 à 2001,
La perception du recensement est fort importante, car elle conditionne dans une large mesure l’adhésion ou non à l’opération. La participation de la population quant à elle est obligatoire, car sans elle, point de recensement. Il semble que le recensement ne soit pas bien perçu. Son image peut être définie comme empreinte de peurs multiples. Ces peurs se font surtout sur la finalité du recensement et sur la confidentialité que l’INSEE garantit en contrepartie de l’obligation de réponse. Cette vision de l’opération peut influencer négativement l’attitude de la population. Ce comportement, il est vrai, balance entre la méfiance et l’adhésion. Comme la perception, il n’est pas défini clairement, il est changeant. Il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas toujours allé de soi de dénombrer la population et de tenter de la cerner, du moins dans ses caractéristiques principales. Longtemps d’ailleurs, cette pratique n’a pas su profiter d’un accueil chaleureux de la part de la population. Pourquoi ? Ce sont, sans doute, les visées de ces dénombrements — à savoir la levée des troupes ou des impôts — qui expliquent en partie pourquoi les dénombrements et, à leur suite, les recensements se sont heurtés à tant de résistances au cours de leur histoire.
Ainsi, en ce qui concerne la période étudiée, des oppositions ponctuent souvent le recensement de façon sporadique. Ces résistances ne sont cependant pas la preuve que la population n’adhère plus à l’opération. L’adhésion de la population est l’œuvre de la majorité de la population alors que les oppositions sont minoritaires. Néanmoins, si elles sont trop nombreuses, ces oppositions peuvent être un obstacle au recensement et en particulier à l’encontre de la collecte. Elles sont également une entrave, avec d’autres facteurs, à l’exhaustivité de l’opération. Dans cette mesure, l’INSEE met en place des moyens afin de les éviter ou de les faire disparaître. Ces procédés sont multiples. Ils prouvent que l’adhésion de la population ne se fait pas à priori puisqu’elle a besoin d’être encouragée. Cette situation n’est pas le seul cas de la France. En effet, d’autres pays connaissent des oppositions beaucoup plus violentes. En Allemagne ou aux Pays-Bas, elles ont mené à la suppression du recensement et à son remplacement par des fichiers. En France, les oppositions n’ont ni la même ampleur ni la volonté de le supprimer.