La mode du bronzage : de ses balbutiements à sa maturité

HUBERT Magali, La mode du bronzage : de ses balbutiements à sa maturité, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 165 p.

À la lumière des documents trouvés dans Vogue, Le Petit Écho de Ia mode, Marie Claire et Elle, il est possible, dans la mesure où ces magazines féminins reflètent la société d’une époque, de considérer l’évolution de la mode du bronzage de 1920 à 1949, c’est-à-dire de ses balbutiements à sa maturité. On constate ainsi que le hâle, autrefois redouté, est de plus en plus recherché. On ne l’obtient plus par accident, mais volontairement. En vue des séances de bronzage à venir, on prend l’habitude de faire un régime et de l’exercice physique pour remodeler sa silhouette. On fait également attention à l’état de son épiderme, on lui administre des soins particuliers et on l’accoutume à la chaleur du soleil. À la fonction protectrice des produits que l’on s’applique sur la peau, s’ajoute une fonction bronzante. Sur la plage, les maillots de bain sont de plus en plus échancrés et les peignoirs délaissés, au même titre que les différents ustensiles susceptibles de gêner l’action du soleil, tels que les gants, la voilette et l’ombrelle. Les techniques de bronzage, calquées sur le modèle médical de l’héliothérapie, sont complétées par des méthodes nouvelles, grâce auxquelles le bain de soleil est rendu plus efficace et plus supportable. La raison première pour laquelle on s’expose au soleil n’est plus la volonté de guérir, mais le désir de brunir. La plage, lieu de prédilection par excellence des adeptes du bronzage est alors concurrencée par la montagne et la campagne. On prend également l’habitude de se laisser dorer au soleil chez soi, dans son jardin ou encore, sur son balcon : à l’abri des regards, on peut ainsi se dévoiler plus librement. La mode du bronzage se développe donc géographiquement, mais pas seulement ! Ne touchant au départ que les catégories sociales les plus aisées, c’est-à-dire celles qui ont les moyens de quitter la ville pour partir en vacances dans un endroit ensoleillé, la vogue du brun s’adresse également, par la suite, aux personnes dont les revenus sont plus modestes, grâce à l’influence des congés payés de 1936. Toutefois, même si la mode du bronzage tend à se généraliser, on prend conscience qu’il n’y a pas, pour autant, face au soleil, une égalité parfaite, en raison de l’état de santé des uns et de la fragilité de peau des autres. Peu à peu, on perd l’habitude de se débarrasser du hâle dès qu’il apparaît, et on prend celle de ne le chasser qu’une fois les vacances terminées. Certaines femmes cherchent même à le prolonger au-delà de la période d’ensoleillement. Par ailleurs, différentes marques de cosmétiques présentent de nouveaux produits de maquillage permettant de mettre en valeur les teints hâlés. Quant aux bienfaits et aux méfaits du soleil sur la santé et sur la beauté, ils sont de plus en plus mentionnés et leur évocation dans les magazines féminins consultés représente un indicateur supplémentaire de l’évolution de la mode du bronzage.