La gauche non communiste et la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste, de l’élection présidentielle de 1965 aux élections législatives de 1968

MARTIN Frédéric, La gauche non communiste et la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste, de l’élection présidentielle de 1965 aux élections législatives de 1968, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Gilles Morin], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 132 p.

Le 10 septembre 1965, la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste est créée. La veille, François Mitterrand a annoncé sa candidature à la présidence de la République. La FGDS regroupe la SFIO — en pleine crise d’effectifs — le PRRRS (Parti radical) — qui ne parvient pas à conserver un positionnement clair entre la gauche et le centre — et la Convention des Institutions Républicaines (CIR) qui est un regroupement de clubs et qui représente une nouvelle génération, généralement, peu expérimentée. Cette union s’est concrétisée à l’occasion de l’élection présidentielle, par la nécessité de bipolariser le scrutin, en vue de figurer au second tour. Cependant, la FGDS reste en retrait de la campagne, pour ne pas être présentée comme un simple accord électoral. Cette union et la campagne du candidat unique de toute la gauche, François Mitterrand, conduisent à la mise en ballotage du Général de Gaulle.

Forte de ce résultat, la Fédération se consolide. Elle se dote de structures nationales et départementales et d’un programme commun. Cependant, la fédération reste un appareil national. Les fédérations départementales n’ont que très peu de pouvoir, et les partis sont encore les centres de décision. Aux élections législatives de 1967, la Fédération propose un candidat unique par circonscription et passe, avec le Parti communiste et le Parti socialiste unifié, un accord de désistement pour le second tour. Cette stratégie d’union, qui avait porté ses fruits en 1965, donne à la gauche une bonne raison d’espérer. La gauche, dans son ensemble, gagne soixante sièges par rapport aux élections de 1962. Cependant, si les résultats électoraux sont bons, les débats internes tournent court. Il est très difficile pour les organisations fédérées de trouver un compromis sur les questions les plus sensibles, par exemple, la question des adhérents directs. Après le « succès » relatif de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1965, de nombreuses demandes sont parvenues à la FGDS pour adhérer sans passer par les anciennes familles. La SFIO semble très réticente à ces adhé­sions, elle qui possède l’avantage du nombre, en termes d’effectifs. Également, la question des alliances ne réussit pas à être tranchée. Certes, les contacts avec le Centre démocrate tournent rapidement court, cependant, les radicaux refusent de voir les communistes comme un partenaire privilégié. L’avenir de la Fédération reste problématique. Si tout le monde s’accorde à réclamer la fusion, chacun y va de ses revendications. Finalement, la Fédération éclate à la suite de Mai 68 et des élections législatives de juin. Absente tant physiquement qu’intellectuellement des événements de mai la Fédération semble n’apparaître qu’au moment de la conférence de presse de François Mitterrand, le 29 mai 1968. Dans cette conférence le député de la Nièvre pose sa candidature à la présidence de la République, en cas de vacance du pouvoir. Cette déclaration est mal accueillie par l’opinion. Le Général de Gaulle dissout l’Assemblée nationale, les Français votent majoritairement pour le pouvoir en place et François Mitterrand assume l’échec de la gauche. Les vieux partis ne trouvant plus dans la Fédération ce qu’ils étaient venus y chercher — le succès — ils se retirent. Toutefois, ils ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur leur avenir.

La FGDS n’a pas eu le devenir qu’elle escomptait, mais elle fut une base pour la recomposition de la gauche nouvelle. La SFIO se modernise en devenant le Parti socialiste et le PRRRS disparaît au profit de deux partis, l’un de gauche, l’autre du centre. Quant au parti communiste, il bénéficie également de l’action de la Fédération. Isolé à gauche, depuis 1947, il est redevenu, en deux ans et demi, un partenaire pnvilégié avec lequel un programme commun de gouvernement est envisageable.