La chanson de variété en France sous l’occupation (1941-1943) : étude d’une source

DRANSART Sophie, La chanson de variété en France sous l’occupation (1941-1943) : étude d’une source, Maîtrise [Antoine Prost, Noëlle Gérôme], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 270 p.

L’étude du fonds conservé à Radio France des chansons enregistrées sur disques « 78 tours » pendant l’Occupation nous a permis d’avoir une approche originale de cette période de l’histoire française.

Analyser ce qu’elles ont retenu de ces années, mais aussi tous les autres thèmes qu’elles abordent, et la manière dont elles les évoquent, est, en effet, révélateur. Elles deviennent autant de miroirs de la société française dans la mesure où elles reflètent ce qui a marqué les Français ainsi que leur état d’esprit. Si les transformations intervenues dans la vie quotidienne ne manquent pas d’être mentionnées, le nouveau contexte politique transparaît beaucoup moins. D’une part, parce que les Allemands n’ont pas pénétré ce domaine artistique ; d’autre part, parce que l’utilisation qu’en a faite le gouvernement de Vichy reste limitée. La chanson a surtout servi à exorciser les 31lgoisses des Français et à leur permettre de s’évader de la réalité, que, d’ailleurs, elle dénonce aussi dans certains cas. Elle a d’autant plus tenu ce rôle que les différents réseaux qui la diffusent, même s’ils ont été freinés, sont restés dynamiques pendant toute la période et partout en France.

Finalement, notre étude n’a donc pu déceler aucune rupture véritable. Mis à part la mode du swing, aucune spécificité ne se dégage, aussi bien en ce qui concerne les thèmes choisis que la carrière des auteurs, des compositeurs ou des interprètes. Tous devaient évidemment composer avec la censure, mais si celle-ci s’est montrée efficace quant aux œuvres et aux artistes anglo-américains et juifs, pour le reste, c’est bien plus une autocensure qui s’est établie.