Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Meudon. L’action municipale en direction de la jeunesse 1955-1970. Naissance des politiques municipales d’éducation extra-scolaire au temps du « youth-boom »

DENIAUD Emmanuel, Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Meudon. L’action municipale en direction de la jeunesse 1955-1970. Naissance des politiques municipales d’éducation extra-scolaire au temps du « youth-boom », Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 414 p.

À la fin des années cinquante, en plein cœur de la croissance, la jeunesse, au sens le plus large, redevient une préoccupation politique. Les postes budgétaires des communes et les débats des conseils municipaux lui font de plus en plus la part belle. En 1970, l’action en direction de la jeunesse est devenue sous diverses formes un des axes majeurs de l’intervention des municipalités. Mais alors que l’école reste la chasse gardée de l’Éducation nationale, les mairies ont pu investir à loisir leurs compétences dans le domaine extra-scolaire. À tel point que l’on peut se demander si ce n’est pas au cours de cette période que sont nées les politiques municipales en direction de la jeunesse.

Mais rechercher les traces d’une apparition des politiques municipales en direction de la jeunesse suppose de définir préalablement quelques critères permettant de valider leurs présences. D’autre part, s’il est à priori certain que les communes ont appréhendé différemment ce domaine, il faut se demander comment nécessité, autrement dit les circonstances, et la contingence, autrement du la volante politique, se sont partagées la responsabilité de l’émergence de ce nouvel axe de l’action des municipalités. Ceci nous conduit à nous interroger sur l’incidence de la couleur politique sur les choix municipaux concernant la jeunesse.

Avant même de prendre en considération l’action concrète des municipalités, c’est-à-dire la mise en pratique de leurs décisions, on constate, en analysant les origines de leur action, leurs discours ou les budgets qu’elles votent, qu’elles se distinguent nettement les unes des autres dans leur manière d’approcher les questions relatives à la jeunesse. Cette différenciation se retrouve lorsqu’on étudie plus finement les résultats de l’action de chacune. Des courbes d’évolution comparables se dessinent toutefois, tant en termes de quantité des actions que de qualité, même si ce res­serrement vers la similitude peut en partie être expliqué par la faiblesse des archives en ce qui concerne le contenu des actions. Ce qui est vrai pour la fin des années cinquante, qui est surtout une période d’amplification des actions plus que de renou­vèlement, l’est moins par la suite. En effet, l’intervention plus marquée d’autres acteurs ou la volonté de certains de réaffirmer leur primauté dans l’éducation de la jeunesse obligent les municipalités à mieux se démarquer, donc à plus expliciter leurs actions. Ainsi, à la fin des années soixante, les actions se sont diversifiées, d’autres sont nées, mais surtout, chacune est mieux définie qu’auparavant. C’est à cet instant, lorsqu’elles deviennent le fruit d’une réflexion voulue par les magistrats de la commune, que les actions municipales se démarquent les unes des autres et s’affirment ou non comme de véritables politiques municipales en direction de la jeunesse. On constate alors désabusé — s’il en est — que l’histoire est décidément bien conservatrice, puisque les décalages constatés à l’arrivée sont souvent les mêmes que ceux du départ…