Du Front de Seine au Parc André Citroën. Les conséquences spatiales de la rénovation urbaine dans le XVe arrondissement de Paris

DELPIROU Aurélien, Du Front de Seine au Parc André Citroën. Les conséquences spatiales de la rénovation urbaine dans le XVe arrondissement de Paris, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Mathieu Flonneau], 2000, 221 pages + 1 vol. d’annexe

Au sud-ouest de Paris, entre la tour Eiffel et le pont du Garigliano, la frange fluviale du XVe arrondissement s’est brutalement et radicalement transformée : le Front de Seine de Grenelle et l’aire Citroën à Javel ont été l’objet, à vingt années d’écart, de deux des plus importantes opérations de rénovation urbaine depuis les années soixante. Ce travail, fondé sur une approche essentiellement matérielle de la ville centrée autour de la notion de tissu urbain, s’attache à montrer dans quelle mesure cette rénovation modifie les structures de l’espace physique des quartiers. Il rappelle tout d’abord que les deux projets d’aménagement s’inscrivent dans un contexte urbain comparable. Les deux espaces initiaux appartiennent à la périphérie de la ville et présentent un parcellaire ancien occupé majoritairement par de vastes emprises industrielles et un tissu bâti peu dense et dégradé. Ensuite, il réinscrit les deux projets dans le cadre de la politique urbaine menée à Paris depuis 1945 par la préfecture et, après la progressive décentralisation de l’action urbaine, par la ville elle-même. Puis, ce travail met à plat le processus décisionnel de la rénovation et présente les mécanismes et les étapes de la phase opérationnelle des aménagements. Si la procédure de ZAC a en partie permis une démocratisation de l’urbanisme et un assouplissement des procédures, le déroulement des deux opérations est finalement très proche : définition d’un périmètre précis d’urbanisation, planification de l’aménagement par un document de référence (plan urbanisme de détail ou plan d’aménagement de zone), prise en charge des opérations par la même société d’économie mixte et, finalement, maîtrise de la collectivité publique. Ce travail achève par l’étude de détail consacrée au bilan spatial des deux rénovations et à celle du fonctionnement des espaces transformés. Au Front de Seine, l’application rigide de l’urbanisme de dalle et de la construction verticale a engendré la destruction du parcellaire préexistante et de la trame viaire, bouleversant l’organisation de l’espace de la ville. Le nouveau quartier, coupé de son environnement urbain, reste cependant attractif du fait d’une occupation et d’une localisation valorisantes. La ZAC Citroën, aménagée vingt ans après en réaction au Front de Seine, offre l’exemple d’un urbanisme fondé sur le respect des proportions, des lignes du paysage et de la continuité urbaine entre tissu ancien et tissu rénové. La difficulté d’appliquer ces principes à grande échelle a engendré un décalage entre les objectifs et le résultat. Aujourd’hui, la ZAC pêche par déficit d’urbanité et par une certaine artificialité. Finalement, l’approche historique de la rénovation urbaine permet de montrer la fragilité d’un espace urbain lorsque l’on veut effacer ses racines.