Histoire des questions d’histoire à l’agrégation depuis 1949

DARD Jérôme, Histoire des questions d’histoire à l’agrégation depuis 1949, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 173 p.

L’objectif de ce mémoire est de présenter un bilan didactique des questions d’agrégation d’histoire et des conditions du déroulement du concours. Nous avons tenté une analyse des différentes questions historiques et professionnelles, en recherchant une logique du travail des jurys dans la préparation des agrégatifs.

On se convaincra de la façon très large dont l’histoire est aujourd’hui pratiquée, en parcourant les listes des programmes et des sujets, où la variété ne manque pas de signification. En effet, la répartition équilibrée des questions entre les thèmes, les pays et les siècles, révèle l’esprit général de l’agrégation. On constate que, malgré la diversité des thèmes et des époques étudiés, c’est l’unité de culture et de méthode historique qui fonde la particularité du concours. L’élargissement et l’enrichissement des réflexions proposées permettent aujourd’hui aux professeurs d’appréhender l’HISTOIRE comme un ensemble. Les hiérarchies ne sont plus tranchées ; les questions du programme même lorsqu’elles sont à dominante thématique, ne sont jamais indépendantes. En quelque sorte, on pourrait dire que l’histoire apparaît plurielle. Il ne s’agit plus d’imposer un nouveau genre historique, à son tour hégémonique, mais au contraire de favoriser un processus cumulatif du questionnaire. Nous avons voulu démontrer que l’évolution des questions d’agrégation correspond à une discipline non pas en « miettes », car plus qu’une histoire éclatée, l’histoire se révèle transversale, générale.

L’étude des rapports met en évidence l’évolution de l’enseignement de la discipline. Par rapport aux modèles stricts de compétence, s’ajoute la reconnaissance des valeurs personnelles et pédagogiques des candidats. Le mythe d’un concours uniquement basé sur l’érudition s’étiole. L’agrégation est un concours de haute culture générale interdisciplinaire, non un test d’érudition en tel domaine étroitement déterminé. Face aux changements d’échelle survenus pendant la période, la surprenante longévité du concours s’explique peut-être justement par le renforcement d’un modèle de sélection « élitiste et ouvert » au sein duquel on refuse de dissocier valeur scolaire et pédagogique et compétence abstraite.

L’histoire des questions de l’agrégation est celle d’une institution, véritable clef de voûte de l’enseignement supérieur où les interrogations, recommandations et explications des jurys agissent comme une instance de légitimation, en pérennisant les normes et les valeurs d’une discipline que l’on veut transmettre.