ROPERS Léa, Genèse du père Noël dans la presse française : 1870-1914, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 161 p.
Entre 1870 et 1914, on assiste à une véritable floraison de personnages donateurs chrétiens et païens. Tous cependant n’interviennent pas à la même date et n’évoluent pas dans les mêmes aires géographiques. Parmi eux, on peut citer Saint Martin pour la Normandie, le Père Chalande en Savoie, Saint Nicolas, bien sûr, qui rencontre à cette époque, un succès croissant tant en Alsace et en Lorraine, qu’en Allemagne et aux États-Unis. Si l’étude de la presse parisienne choisie ne permet pas vraiment de mettre en lumière ce foisonnement de bienfaiteurs, elle constitue une sorte de théâtre où s’affrontent les deux principaux concurrents de la fête de Noël, à savoir, le petit Jésus et le père Noël.
De la fin du XIXe siècle au début du XXe, la fête de Noël connaît d’importants changements. En effet, c’est à cette époque que la notion d’intimité se développe. Ainsi, les fêtes se déroulant au sein du foyer constituent-elles désormais pour la famille bourgeoise, un moyen de « s’autocélébrer ». En outre, du fait de l’intérêt croissant que l’on porte à l’enfant, la fête de Noël, en son fondement, fête de l’Enfant Jésus, devient celle de l’enfant profane, qui est alors au centre des préoccupations. Les rites de Noël s’organisent principalement autour de lui. Dans ce contexte la coutume mettant en scène des personnages donateurs apportant des cadeaux à ces chères petites têtes blondes se développe. C’est aussi à cette époque que que la fête de Noël prend une dimension commerciale indéniable à l’instar de ses homologues européennes, principalement allemande et anglaise. Les jeux d’influences entre ces divers pays conduisent alors à une uniformisation des pratiques. Noël fait ainsi son entrée dans la modernité, et avec elle les rites qui la composent.
Ainsi, sous l’effet de la vague de laïcisation qui parcourt la France de la Troisième République, voit-on progressivement les personnages donateurs chrétiens s’effacer au profit d’autres bienfaiteurs, capables tout à la fois d’intégrer les évolutions de la fête et d’incarner les nouvelles valeurs républicaines. Le spectre du père Noël n’est peut-être pas loin !